mercredi 12 décembre 2012

Le Bouleau, un arbre chaman


L'art des chamanes, le plus archaïque de tous les arts thérapeutiques remontent à l'origine de l'humanité. Si le terme "chamane" nous a été transmis par le russe, et si le chamanisme au sens strict est un phénomène sibérien et central-asiatique, l'expérience chamanique est attestée à peu près partout dans le monde. Partout le chamanisme se caractérise par une même vision de l'univers, avec trois niveaux de réalité : un macrocosme (le ciel), un microcosme (la terre) et le monde inférieur peuplé d'esprits (le chaos). Ces trois espaces-temps sont interactifs et reliés par un "axe du monde". Dans l'ère sibérienne, le Bouleau est un arbre cosmogonique,centre du monde et pilier du ciel.

Le Bouleau sert de médiateur. Voici le récit du voyage spirituel d'un chaman samoyède. Dans son rêve, le chaman flotte au-dessus des neufs mers. Au centre de la neuvième, il aperçoit un Bouleau extraordinaire qui perce le ciel ! Cet arbre domine les neufs herbes, il comporte neufs branches et les "neufs vieux", pères des nations, occupent ses rameaux supérieurs. Le Bouleau dit alors au chaman : "Un de mes rameaux vient de tomber. Ramasse-le et fais-en un tambour qui te servira toute ta vie." Le Bouleau donna ainsi au chaman les pouvoirs suprêmes : guérir les individus et donner l'abondance. 

Le Bouleau fait aussi partie de l'herboristerie des chamanes sibériens, ainsi que le pin, l'oignon, le lycopode, mais aussi l'euphorbe, la digitale, et l'ambre (résine fossile de conifères).

Partout semble-t-il, les chamanes consomment diverses plantes dont les effets provoquent de manière accélérée des états extatiques. Les plus connues de ces plantes sacrées sont en majorité des champignons dont, notamment, l'amanite tue-mouches (Amanita muscaria), qui entretient une relation symbiotique dans les sols avec le Bouleau. Les chamanes préparent leur breuvage avec les plus grandes précautions afin d'en atténuer les effets toxiques.

Ces techniques chamaniques de l'extase permettent à l'âme du chaman de s'échapper de son corps, de "s'envoler tel un oiseau". Ainsi elle se lance à la recherche de l'âme qui a été dérobée au malade ou qu'il a lui-même perdue, elle peut dialoguer avec les esprits bienveillants, négocier ou même lutter avec les esprits pervers. Lorsque le patient récupère son âme, celle-ci est purifiée. Le malade n'est pas seulement guéri, il a acquis "un plus".


Une technique d'origine chamanique est parvenue jusqu'à nous : "la purification par la vapeur d'eau". Ainsi le sauna s'est répandu en Europe depuis la Finlande qui s'appelait Finnmark, la "terre des chamanes". Les populations occupant le nord de l'Eurasie ont pour tradition de se fouetter de branches souples de Bouleaux tout en alternant des bains de vapeur et de chaleur sèche, avant de se frotter de neige. Peut-être préférez-vous les saunas bien aseptisés des "spas" modernes ?



Les techniques de guérison chamanique des Amérindiens comprennent, elles aussi, une forme d'élimination des toxines qui se pratique dans une "sweat-lodge" ou hutte de transpiration. Mais il s'agit d'autre chose que de "prendre une bonne suée" ! En effet,  "la Sweat-Lodge est un moyen de se purifier, de se soigner en éliminant toutes les toxines accumulées dans le corps. Du point de vue spirituel, c'est un rite qui nous prépare à voir en nous-même et à recevoir les esprits; à nous éclaircir intérieurement de façon à entrer en communion avec la nature et toutes les choses créées, symbolisées autour de nous par les branches de saule, les pierres, l'autel, l'eau et le feu." Si vous êtes tentés par cette expérience forte et engageante, soyez vigilant, cela ne s'improvise pas !


Il est l'heure de clore cet article sur le Bouleau. En l'honneur de cet arbre de sagesse, j'aimerai reprendre le premier couplet de la chanson "Gens du pays" :

"Le temps qu'on a pris pour dire je t'aime,
C'est le seul qui reste au bout de nos jours.
Les voeux que l'on fait, les fleurs que l'on sème,
Chacun les récolte en soi-même,
Au beau jardin du temps qui coure."


Pour la suite de mon dictionnaire Z'amoureux, j'aimerai vous emmener à la rencontre d'une modeste simple de nos jardins, avec "C" comme "Camomille".


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.




dimanche 9 décembre 2012

Le Bouleau, un arbre médecin



Le Bouleau est l'un des végétaux les plus répandus en Sibérie. Les guérisseurs sibériens et la médecine populaire russe font un usage très fréquent de feuilles et de bourgeons de Bouleau pour soigner les douleurs rhumatismales. Une technique traditionnelle consiste à enfiler le membre affecté dans un sac rempli de feuilles fraîches de Bouleau. Lorsqu'elles sont trempées de la transpiration du patient, au bout d'une heure environ, ce sac est retiré et le membre est enveloppé de laine. A renouveler chaque jour pendant un mois. A réserver donc aux heureux voisins d'une boulaie !

Plus facile sera de préparer aux beaux jours une huile pour frictions contre les rhumatismes. Pour cela vous utiliserez un grand bocal d'un litre que vous remplirez de feuilles de Bouleau fraîches. Vous les recouvrirez d'huile (olive, sésame, ..) et vous laisserez macérer deux semaines derrière une fenêtre au soleil. Filtrez et renouveler l'opération en remettant des feuilles fraîches. Filtrez de nouveau soigneusement et conserver dans des bouteilles en verre au frais et à l'abri de la lumière. A utiliser en frictions sur les parties douloureuses.

Les feuilles de Bouleau possèdent de puissantes propriétés diurétiques. Elles favorisent en particulier l'élimination des urates. Les feuilles de Bouleau peuvent donc être utilisées dans les cas d'inflammation et d'infection des voies urinaires, contre les calculs rénaux et pour compléter un traitement antirhumatismal.  Pour faire une tisane de feuilles de Bouleau, vous ferez infuser 15 à 20 g de feuilles dans un demi-litre d'eau bouillante, hors du feu et à couvert. Une fois la température descendue vers 40°C, vous ajouterez une pincée de bicarbonate de soude afin de dissoudre le principe résineux. Conservez la tisane dans un thermos et buvez 2 ou 3 tasses par jour.

Les feuilles de Bouleau sont aussi utilisées contre la cellulite, en raison de leur propriété d'augmenter l'élimination des déchets organiques. Vous trouverez dans le commerce des cures qui combinent une boisson à base de Bouleau avec une huile à appliquer en massage. Cela commence par un "W" et se termine par un "A". Je vous laisse trouver la marque !

L'écorce de Bouleau est également diurétique, mais elle est aussi fébrifuge et intéressante à associer pour traiter les maladies de peau. L'utilisation de l'écorce par voie interne est moins courante de nos jours. Par voie externe, une décoction d'écorce de Bouleau peut être utilisée contre certaines maladies de la peau, les dartres en particulier. Pour cela, vous mettrez une bonne poignée d'écorce dans un litre d'eau que vous laisserez bouillir jusqu'à faire réduire aux trois quarts. Laissez refroidir et utilisez cette décoction en lavage ou compresses.


De leur côté, les bourgeons de Bouleau sont à l'origine de la gemmothérapie, nouvelle facette de la phytothérapie développée par le Dr Pol Henry (1918-1988). C'est lui qui a posé le premier l'hypothèse que le bourgeon contenait toute l'énergie informative nécessaire au développement de l'arbre et qui mit au point un moyen d'extraire leur "quintessence" sous forme de macérat glycériné. C'est l'extrait du Bouleau pubescent (Betula pubescens), qu'il étudia le premier. Les fondements de la gemmothérapie sont basés sur des études biologiques de leur action principalement déterminées par l'étude des protéines du sérum sanguin. Mais pour déterminer leurs indications, peut également être prise en compte la phytosociologie des végétaux. Ainsi le Bouleau est un colonisateur par excellence, grâce à ses exigences minimes et son pouvoir de régénération. Par analogie avec ces notions écologiques, on en déduit que le Bouleau doit être regénérateur polyvalent dans les états inflammatoires chroniques mais également dans les états très dégradés. En gemmothérapie, le macérat glycériné de bourgeons de Bouleau va être utilisé comme anti-arthrose diverses, comme régénérant tissulaire, pour stimuler la fabrication de l'os, mais aussi comme draineur du rein et régénérateur immunitaire.

Qui de nos jours n'a pas entendu parler de la sève de Bouleau ? Tous les peuples "du Bouleau" ont consommé ce liquide incolore, inodore, rafraîchissant et très légèrement sucré, qu'il est facile de recueillir en quantité au printemps (entre le 1er et le 15 mars sous nos climats) sans que l'arbre en soit affaibli. Pour extraire cette sève, il vous suffira d'avoir un petit perforateur à bois, une paille et une bouteille de coca-cola, ou pour un usage familial un tuyau souple alimentaire et un petit cubi en plastique ! Percez dans le tronc du Bouleau, à 1,50 m du sol, un trou de 4 à 5 centimètres de profondeur, enfoncez paille ou tuyau dans le trou et laissez faire la nature ! Les propriétés dépuratives de la sève de Bouleau sont bien reconnus. Elle se boit en cure de trois semaines à raison d'un verre par jour. Cette cure est particulièrement intéressante au printemps pour tout le monde et peut être renouvelée à l'automne pour les terrains arthritiques. Si vous faites votre récolte vous-même, sachez que cette sève ne se conserve pas longtemps car elle a tendance à fermenter. Il existe d'ailleurs des recettes de "vin de Bouleau" réalisées avec cette sève.

Et, juste pour le plaisir, voici une recette de "vin de Bouleau" qui m'a paru plus simple que bien d'autres, inspirée du livre "Bouleau, l'arbre à la peau d'argent" de Bernard Bertrand. Dans une grosse bonbonne en verre, vous mettrez à macérer 5 litres de sève de Bouleau, 1,2 kg de sucre, 250 g de raisins secs, 2 citrons biologiques entiers et broyés, 10 g d'acide tartrique, 1 cuillerée à café de poudre de cardamone. Vous la couvrirez d'une étamine en tissu. Les premiers jours, brassez régulièrement. Lorsque la fermentation est terminée, filtrez et remettez en bonbonne pour décanter. Quand le liquide est clarifié (entre 3 à 15 jours) mettez en bouteilles fermées avec une capsule.


Ma foi, il est vraiment difficile de faire le tour de tous les dons de cet arbre ! Pour terminer mon article sur le Bouleau, cet arbre de lumière, j'aimerai vous emmener aux pays du chamanisme.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



mercredi 5 décembre 2012

Le Bouleau, un arbre artisan


Sur les continents de l'hémisphère nord, le Bouleau est le compagnon des humains depuis des temps immémoriaux. Comme la majeure partie de la préhistoire en Europe a été dominée par une succession de glaciations  propices à une steppe froide, entrecoupées de période plus clémentes et favorables aux arbres,  le Bouleau, arbre pionnier et résistant au froid, a été précieux pour nos lointains ancêtres. Il est resté un "maître artisan" pour toutes les civilisations du Bouleau : Lapons, Russes, Mongols, Amérindiens, etc.

En premier lieu, son bois est un excellent combustible, brûlant facilement dès l'abbatage. Avec l'écorce du Bouleau roulée serrée en cylindre, il est facile de fabriquer des torches très éclairantes et à combustion lente grâce à la résine qui l'imprègne (vestiges retrouvés dans des sites préhistoriques suisses). 

D'ailleurs, si vous avez envie de jouer à "Robinson des bois", voici une bonne astuce pour ne pas risquer de manger votre soupe froide ou vos pieds de cochon crus (ça c'est du vécu !). Pendant vos tours et détours dans la journée, repérez des Bouleaux morts et prélevez quelques morceaux d'écorce que vous couperez en lanières. Vous froisserez dans le creux de vos mains ces lanières d'écorce en boules "allume-feu" qui vous serviront pour démarrer le feu même par temps humide.

Polypore rieur (avec l'aide d'un passant !)
Faveur supplémentaire, le Bouleau (blessé ou affaibli) héberge sur son tronc un champignon non comestible, le polypore du Bouleau (Piptoporus betulinus), de la même famille que l'amadouvier, qui contient une matière filandreuse et douce, que l'on peut utiliser pour faire partir le feu. Cette matière peut aussi servir comme "compresse" pour nettoyer et soigner les plaies.


Si le bois du Bouleau reste apprécié, notamment dans les pays nordiques, pour en faire de nombreux ustensiles, objets et meubles, c'est son écorce qui fut à la base d'un artisanat extraordinairement varié. Il faut dire que cette écorce elle-même est extraordinaire. Elle est composée de nombreuses couches liégeuses très minces, douces au toucher, pelant en feuillets à la surface, qui lui donnent résistance et souplesse. De plus, cette écorce est presque imputrescible grâce à ses composés résineux. Il est difficile de faire le tour de tous les usages de cette écorce.

Artisanat russe actuel
Ainsi, les Amérindiens en recouvraient leurs wigwams. Les Mongols en faisaient des linceuls et des instruments rituels de musique. Les Lapons s'en faisaient de courtes capes pour se protéger de la pluie mais aussi des chaussures légères. Elle est depuis toujours à l'origine de récipients variés. Ötzi, l'Homme des glaces, dont nous avons parlé dans l'article sur l'Ortie portait sur lui deux boites rondes en écorce de Bouleau.

La qualité de l'écorce de Bouleau a même permis d'en faire un support d'écriture. Certains textes russes sur écorce de Bouleau datant du XIe au XVe siècle ont pu être conservés jusqu'à nous. Pour les passionnés, un site (en russe) permet de découvrir ces "lettres de Bouleau".




Toujours pour nos "Robinson des bois", il est facile de réaliser un récipient rustique avec l'écorce du Bouleau afin de contenir les fruits des cueillettes sauvages, comme sur les photos ci-dessus. Pour ceux qui désirent plus de détails, allez donc farfouiller sur le site suivant nature-survie.

Mais les attraits de cet arbre extraordinaire ne s'arrêtent pas là. Toujours avec son écorce, il est possible d'obtenir, en la chauffant fortement en vase clos, un goudron appelé "Brai". Les archéologues ont découvert qu'il est connu depuis le Paléolithique supérieur. Ce Brai peut servir efficacement de colle pour assembler et de mastic pour étanchéifier.

Il est impossible de terminer cette présentation  sans évoquer les chefs-d'oeuvres que représentent les canots des Amérindiens. Constitué avec l'écorce du Bouleau à papier (Betula papyrifera Marsh.), un tel canot de 4 mètres de long et pesant moins de 25 kg peut transporter 3 à 4 personnes avec leurs bagages (soit environ 200 kg) ! Si vous avez un peu de temps devant vous, n'hésitez pas à visionner un documentaire sur la construction traditionnelle de ces canots en cliquant sur le lien suivant César et son canot d'écorce.

Puisque nous sommes chez les Amérindiens, sachez que dans leur culture, le rêve est le véhicule qui permet l’échange entre les hommes et le grand esprit et qu'il est l’expression des besoins de l’âme. Si toutefois vous craignez les cauchemars, pourquoi ne pas accrocher dans votre chambre un capteur de rêves qui emprisonnera tout ce qui peut perturber votre sommeil ?


Prendre soin de son corps et de son âme, n'est-ce-pas la base d'une bonne santé ? Et dans le domaine de la santé, là-aussi le Bouleau peut se rendre utile. C'est ce que j'aimerai vous raconter dans la suite de mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



dimanche 2 décembre 2012

A la découverte du Bouleau



Bien sûr que vous l'avez déjà remarqué ce Bouleau blanc dans vos promenades forestières. En automne, avec son tronc clair et ses feuilles couleur d'or, il se transforme en sublime candélabre, capable d'illuminer même les plus gris de nos jours.

Un conte explique que si l'écorce blanche du Bouleau présente des marques noires c'est en raison de sa vanité, vanité qui fut punie par le roi des arbres le Grand Pin, d'un bon coup de branches griffues. Mais comme dirait quelqu'un de ma connaissance :
"Comment être modeste quand on est le meilleur".

Et le meilleur des arbres c'est peut-être bien lui. Si le Bouleau est ramené de nos jours à un bel ornement des parcs et jardins, il est important de rappeler la haute considération que lui ont portée les Humains depuis la nuit des temps. Considération quelque peu intéressée car le Bouleau est un vrai magasin de bricolage à lui tout seul. Vous savez, comme dans la publicité "Chez Casto, y'a tout ce qu'il faut...". Je vous en toucherai deux mots dans la suite de mon article.

Il existe par le monde de nombreuses espèces de Bouleaux qui appartiennent à la famille des Bétulacées. Très répandus dans toute l'Europe, grimpant au Nord jusqu'aux zones subarctiques ils sont, par contre, rares dans le sud et dans les régions méditerranéennes.

En France, vous rencontrerez dans vos sorties-nature essentiellement deux Bouleaux blancs, le Bouleau verruqueux et le Bouleau pubescent. Ces deux espèces de Bouleaux sont très proches, avec un port élancé (jusqu'à 25 mètres pour le Bouleau verruqueux, un peu moins, 20 mètres pour le Bouleau pubescent). Leurs fleurs sont des chatons. Leur durée de vie ne dépasse pas le centenaire.


Le Bouleau verruqueux (Betula verrucosa Ehrh.) a une écorce blanche lisse et brillante avec quelques taches noires, souvent accompagnées de crevasses. Ses rameaux ont un port plutôt retombant et sont pourvus de petites excroissances résinifères. Ses feuilles ont une forme triangulaire avec un bord doublement denté.

Le Bouleau pubescent (Betula pubescens Ehrh.) a une écorce d’un blanc plus mat, parfois rosée, avec souvent des bandes ou des lignes horizontales grisâtres. Ses branches sont non pendantes et ses feuilles en losange ont une face inférieure duvetée.









En Amérique du Nord, ce sont d'autres espèces de Bouleaux que vous rencontrerez. Il y a en particulier le Bouleau à papier (Betula papyrifera) qui est celui des canoës des Amérindiens. Vous y trouverez aussi le Bouleau jaune (Betula alleghaniensis), dont la couleur des troncs n'est pas blanc mais brun clair (ce qui le fait appeler "Merisier"), et que le Quebec a choisi officiellement comme son Arbre-emblème.

Restons un peu chez nos cousins d'au-delà l'Atlantique. En concentrant la sève de Bouleau par chauffage, on obtient un sirop (à ne pas confondre avec le sirop d'érable beaucoup plus sucré). Vous pourrez en trouver sur les sites de vente d'épicerie fine québécoise. Pour les gourmets, sachez que l'odeur du sirop de Bouleau ressemble à celle du café grillé et que son goût rappelle un peu le vinaigre balsamique et le bois fumé. Il est intéressant pour les marinades de viandes et de gibiers, pour les vinaigrettes et pour les sauces de toutes sortes. Pourquoi ne pas essayer la recette des "Carrés d'agneau au sirop de Bouleau et au Gingembre frais" ? Vous commencerez par préchauffer le four à 180°C. Pendant ce temps, vous ferez colorer les carrés d'agneau salés et poivrés dans une poêle huilée en les laissant cuire 1 à 2 minutes. Après les avoir retirés, vous les badigeonnerez de sirop de Bouleau, vous étendrez dessus une cuillère à café de gingembre frais haché. Puis vous déposerez les carrés dans un plat allant au four pour une cuisson de 20 minutes environ.


Pendant que nous sommes côté cuisine, sachez qu'à partir de l’écorce du bouleau on extrait du xylitol qui est un édulcorant qui peut remplacer  le saccharose ou sucre blanc classique. Le xylitol a un faible indice glycémique (7 contre 100 pour le glucose) ce qui le rend intéressant pour les diabétiques. Son pouvoir sucrant est très voisin de 1, c'est-à-dire que le sucre de bouleau possède la même saveur sucrée que le sucre blanc classique, ce qui le rend pratique cette fois-ci pour le dosage !


Pour continuer à apporter un peu de douceur dans un monde de brutes, avant de passer à la suite de mon article Z'amoureux sur le Bouleau, je vous offre la chanson de Gilles Vigneault, considéré de nos jours comme l'hymne du Quebec.Vous pouvez l'écouter sur le lien suivant Gens du pays et voici son refrain :

"Gens du pays, c'est votre tour de vous laisser parler d'amour (bis)"

Bien ragaillardis par toute cette chaleur humaine, vous voilà plein de fougue pour découvrir cette fabuleuse boite à outils que constitue le Bouleau.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 25 novembre 2012

C'est le mai, joli mai, c'est le joli mois de mai


C'est le Mai, joli Mai
C'est le joli mois de Mai
C'est le Mai, joli Mai
C'est le joli mois de Mai ...
(Refrain d'une chanson traditionnelle)

L'Aubépine fleurissant au mois de mai, elle a souvent été associée aux fêtes de printemps. Dans des villages de l'Est de la France, persiste le "charivari du 1er mai". Il s'agit pour les jeunes gens d'installer dans la nuit du 30 avril au 1er mai, devant la maison des jeunes filles, un rameau ou un jeune arbre pour les honorer. Si le rameau déposé est une Aubépine, cela signifie que la fille est estimable et cela peut annoncer un prochain mariage. En remerciement, pour « arroser » leur mai, les filles offrent gâteaux et boissons. C'est bien sûr un moment de défoulement joyeux où les grincheux n'ont qu'à bien tenir leurs volets fermés.

Ces festivités trouvent leurs racines fort loin. Ainsi, le 1er mai était pour les Celtes la fête de Beltaïne qui ouvrait la saison claire. Les changements saisonniers présentaient pour eux une dimension divine. Les autres fêtes qui rythmaient  leur année étaient Samain, le 1er novembre qui ouvrait la saison sombre, Imbolc, le 1er février qui lavait les souillures hivernales et Lugnasad, le 1er août qui ouvrait le temps des moissons. Pour les Romains, le 1er mai correspondait aux fêtes du renouveau de la Nature, codifiées par l'Empire. Le 1er mai résista à la christianisation. Au moyen-âge, le "Mai", c'est-à-dire l'arbre dressé, accompagnait le mois de Marie. Plus tard, si en terres catholiques le 1er Mai ouvrait la période des processions et des rosières, cérémonies qui excluaient les débordements, ces fêtes gardèrent à de nombreux endroits, notamment en terres protestantes, un caractère festif marqué.



Dans le langage floral, les fleurs d'Aubépine symbolisent l'espérance et l'arrivée de changements espérés. Au printemps venu, pourquoi ne pas aller méditer à proximité d'une Aubépine en fleurs. Votre méditation portera alors sur l'élimination de ce qui vous est négatif afin de laisser venir le renouvellement. Une sorte de "mise au blanc" en quelque sorte.

La couleur blanche des fleurs d'Aubépine peut d'ailleurs être une belle entrée en matière pour une exploration de cette couleur si particulière. Vous pourrez pour cela commencer à être plus attentif dans votre environnement au blanc sous toutes ces qualités : blanc mat ou brillant, blanc lisse ou grenu, blanc transparent ou crémeux, blanc pur ou irisé, blanc lumineux ..... Il vous sera aussi possible d'introduire un peu plus de blanc dans votre domicile, dans votre habillement, pour voir, ressentir ce que cela déclenche en vous. Se laisser inspirer par blanc peut être utile lorsque vous vous sentez chargé, encombré. Utile également après certaines épreuves, pour retrouver la joie de l'aube.

L'aube, l'Aubépine ... ont en commun la blancheur (albus signifie blanc en latin). Aussi j'ai choisi d'associer à l'Aubépine la pensée suivante :

"La vie commence à l'aube.
C'est une bénédiction suffisante.
C'est un bonheur suffisant. 
Tout le reste est abondance."


Voilà la page de l'Aubépine qui se referme. Dans la suite de mon dictionnaire Z'amoureux, j'aimerai maintenant vous faire découvrir un Prince nordique, c'est-à-dire "B" comme "Bouleau".

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



mercredi 21 novembre 2012

La cénelle entre en scène


Le fruit de l'Aubépine est appelé communément cénelle. Chez les deux Aubépines les plus courantes par chez nous (Crataegus monogyra et Crataegus laevigata), c'est un fruit avec peu de chair et au goût farineux et fade. Ne nous décourageons pas pour autant. La créativité culinaire des humains, et pour ce qui est de l'Aubépine, depuis les temps préhistoriques, a réussi à en tirer du bon.

Que faire donc avec ces cénelles que vous allez récolter à l'automne sur vos haies champêtres ? Bien sûr, vous ne ferez pas de cueillette sans avoir vérifier avec des connaisseurs qu'il s'agit bien des fruits de l'Aubépine, la nature étant pleine d'autres petites boules rouges bien toxiques.

Riche en amidon, ces cénelles pourront tout d'abord venir compléter la farine de blé dans des biscuits. Et pour plus d'originalité, vous pouvez l'associer aux châtaignes, autre "fruit à pain" de nos forêts, comme dans la recette de Biscuits d'automne que voici : Vous ferez tout d'abord une purée épaisse en faisant cuire 250 grammes de cénelles dans un petit quart de litre d'eau pendant 20 minutes. Vous passerez au "moulin à légumes" en vous aidant du liquide, puis vous passerez la purée obtenue à travers une passoire à grillage fin, pour être sûr d'éliminer tous les noyaux et autres débris. Vous devriez obtenir environ 150 g de purée épaisse de cénelles que vous mélangerez avec 150 g de purée de châtaignes, 40 g de sucre, un peu de poudre levante, 1 cuillerée à soupe de miel de châtaignier, 40 g de beurre ramolli, un gros oeuf et une petite poignée de cerneaux de noix concassées grossièrement. Si la pâte est trop molle, ajoutez un peu de fécule de maïs. Sur une tôle garnie de papier sulfurisé, déposez des petits tas bien espacés, environ 1 cuillère à soupe. Cuisson: une dizaine de minutes au four préchauffé à 220°. 

Avec la purée de cénelles, vous pouvez aussi préparer une Sauce aux cénelles pour accompagner des céréales ou des côtes de porc grillées. Pour cela, vous ferez blondir 1 belle échalote hachée et 1 gousse d'ail dans un fond d'huile d'olive, vous ajouterez 2 cuillerée à soupe de vin rouge et du thym puis un peu de la purée de cénelles préparée comme ci-dessus. Assaisonnez de sel et de poivre à votre convenance.

Pour amuser vos enfants, aidez les à préparer la Boisson du Sansonnet. Il vous faudra une vingtaine de cénelles et un demi-citron pour 1 litre d'eau. Vous écraserez légèrement les cenelles et les ferez bouillir dans 1 litre d’eau, pendant 10 minutes. Puis vous laisserez infuser pendant 1 heure. Ajoutez le jus de citron. Filtrez  et versez dans une bouteille. A boire frais. 

Quant aux adultes, il pourront apprécier un Ratafia de cénelles. Vous cueillerez 50 grammes de cénelles vers la Toussaint. Vous les mettrez à macérer avec 2 grammes de cannelle en poudre et quelques grains de coriandre dans 1 litre d'eau-de-vie à 40° pendant 6 semaines. Vous filtrerez le liquide et ajouterez un sirop préparé avec 20 morceaux de sucre et un verre d'eau. Mélangez bien et laissez vieillir 6 mois minimum avant de déguster.


Si vous habitez au sud du 45ème parallèle, vous aurez peut-être la chance de fréquenter une autre espèce  d'Aubépine, Crataegus azérolus, appelée l'Azérolier. Sous climat méditerranéen, l'Azérolier produit des fruits comestibles acidulés nommés également cénelles, mais aussi azeroles ou même  pommettes dans le sud de la France. Ils sont surtout utilisés en gelée ou confiture. On peut en trouver sur certains marchés d'Italie ou d'Espagne.

Lilou Clary, la Nîmoise, veut réhabiliter l'Azérolier : « Quand nous étions petits, c’était notre arbre de prédilection à la rentrée scolaire. Celle-ci s’effectuait au début du mois d’octobre, au moment où les azeroles sont bonnes à cueillir, ce qui nous occupait le jeudi. Malheureusement de nos jours, seules les personnes âgées connaissent encore les "azoroles", comme on dit à Saint-Césaire (quartier de Nîmes), et leur goût un peu acidulé. » Lilou sait comment en faire des gelées d’une couleur extraordinaire : « un rose translucide qu’un sommelier qualifierait de cuisse de nymphe émue ».

Pour la sauvegarde du patrimoine, voici donc la recette de Lilou la Nîmoise :
Bien laver les azeroles pour éliminer la poussière et les feuilles éventuellement cueillies par mégarde. Dans une bassine ou un chaudron mettre les azeroles, les couvrir d’eau (4 litres pour 1 kg 500 de fruits) et les faire cuire pendant 1 heure 20 mn à feu vif. L’azerole sera cuite lorsqu’elle aura pâli et s’écrasera entre vos doigts. C’est à ce stade-là que votre patience risque fort d’être mise à rude épreuve ; mais restez zen, la gelée se mérite. Prélevez aussitôt les azeroles par petites quantités et pressez-les dans une étamine en tordant : il sort une substance un peu épaisse et lisse – la pectine – dont vous ne devez pas perdre 1 gramme. Mettez-la au fur et à mesure dans un récipient.  Lorsqu’il ne reste plus d’azeroles, filtrez soigneusement le jus de cuisson. Mélangez le jus de cuisson filtré et la pectine recueillie, pesez l'ensemble et  reversez dans la bassine à confiture en ajoutant 700 g de sucre en poudre pour 1 kg de liquide. Mélangez bien pour faire fondre le sucre et mettez à cuire à feu vif pendant 20 mn. Arrêtez le feu et laissez refroidir ; puis reprenez la cuisson, toujours à feu vif, jusqu’à ce que le jus s’épaississe en prenant sa belle couleur rosée en se mettant à chanter : d’abord à petits bouillons puis avec des bulles plus grosses. Tester la tenue de la gelée en mettant une goutte sur une assiette froide. Mettez en pots, laissez refroidir et fermez bien.

Pouf ! pouf ! "j'ai bien mangé, j'ai bien bu, merci petit Jésus !" comme le chantait la tradition. Et justement c'est de ces traditions du mois de mai auxquelles participe l'Aubépine que j'aimerai vous parler pour la fin de mon article.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 18 novembre 2012

On ne voit bien qu'avec le coeur ...


"On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux" 
disait le renard au Petit Prince de St Exupéry.

Cette phrase est une bonne introduction aux vertus médicinales de l'Aubépine, qui est en effet une plante médicinale majeure pour le coeur. Son action de cardiorégulation est celle des 3R : Renforce, Ralentit, Régularise. Elle agit également favorablement sur les vaisseaux coronariens et augmente la capacité du coeur à l'hypoxie, c'est-à-dire à une baisse d'oxygène. Ce sont les fleurs en début de floraison qui sont utilisées.

Il est certain que toute pathologie touchant le coeur et le système circulatoire doit faire l'objet d'un accompagnement médical sérieux, nous sortons là du domaine de la pharmacie familiale. C'est donc avec votre médecin que vous verrez l'intérêt d'introduire l'Aubépine dans votre traitement. Certains phytothérapeutes proposent d'utiliser l'Aubépine en première intention pour les insuffisances cardiaques légères chez les personnes âgées afin de retarder la prise de médicaments allopathiques. En effet, elle n'a aucune toxicité et il n'y a pas de contre-indication pour une prise sur de très longues périodes.

Pour les maux courants, l'Aubépine sera précieuse dans les cas de troubles cardiaques mineures d'origine nerveuse (tachycardie, palpitations, angor, etc.) dus à un déséquilibre entre les deux branches du système nerveux végétatif : l'orthosympathique (l'accélérateur) et le parasympathique (le frein). En effet, elle a également une action calmante sur le système nerveux central et sympathique.

Pour vous préparer une soirée apaisée et une nuit avec de beaux rêves en couleur, voici une tisane du soir agréable au goût : vous demanderez à votre herboriste de vous préparer un mélange à part égale d'Aubépine, d'Aspérule odorante et de Lotier corniculé. Vous ferez une infusion avec une belle cuillerée à soupe du mélange pour une tasse d'eau bouillante (10 minutes hors du feu et à couvert). Vous prendrez cette tisane en début de soirée et en dehors du repas.

Grâce à son innocuité, l'Aubépine pourra être utile dans certaines périodes de la vie des femmes. Ainsi, pendant la grossesse, en cas d'insomnie, d'anxiété, d'agitation nerveuse, ou dans les moments de baby blues après la naissance, il sera possible d'associer l'Aubépine avec la Passiflore en tisane apaisante pour maman, à raison de 1 à 3 tasses par jour suivant les besoins, par cure de 10 à 15 jours, à renouveler si nécessaire après quelques jours de pause. Une cuillerée à soupe d'Hydrolat de fleur d'Oranger pourra être ajoutée à la tisane. Aucune accoutumance à craindre. L'Aubépine pourra également être utile lors de la ménopause pour atténuer les troubles congestifs (bouffées de chaleur) en l'associant, si besoin, à des plantes équilibrantes du système hormonal.

Les effets de l'Aubépine sont reconnus et validés par des recherches en laboratoire et des études cliniques mais ... on ne sait pas complètement comment ça marche !

En effet, tel le village d'Astérix qui résiste encore et toujours à l'envahisseur romain, l'Aubépine résiste aux biochimistes qui depuis le début du XIXe siècle, traquent le principe actif au coeur des végétaux. Il a été possible d'isoler des molécules végétales aux effets thérapeutiques puissants, comme la quinine du Quinquina ou la morphine du Pavot. Mais le mystère des vertus de l'Aubépine reste entier. Bien sûr, sa composition est connue, mais elle n'est rien que de plus banale ! Elle ne contient que des molécules courantes et aucune remarquable. C'est que l'action de l'Aubépine illustre bien un des piliers de la phytothérapie qui est : 

"Le Tout est plus que la somme de ses parties"

C'est le fameux "Totum", c'est-à-dire la synergie de l'ensemble des composants de la plante. La difficulté va être de trouver la forme galénique (ce terme signifie la forme sous laquelle se présente le médicament, du nom de Galien le fameux médecin grec de l'Antiquité) qui respectera le mieux cette synergie. En complément des formes traditionnelles comme tisanes et décoctions, alcoolatures et teintures, sont apparus dans le commerce les poudres de plantes entières présentées en gélules et plus récemment les SIPF (= Suspension Intégrale de Plante Fraîche) et les EPS (= Extrait fluide Plante fraîche Standardisé) qui facilitent les prescriptions par les phytothérapeutes. Malgré tout, avec une orientation "moléculaire et brevetée" comme l'est la pharmacologie officielle actuelle, les recherches sur cette synergie ne sont guère encouragées.

A noter qu'au niveau de la "pharmacie familiale" les formes traditionnelles et notamment les tisanes, restent une valeur sûre, une valeur de "bon père de famille".



Nous avons vu que l'Aubépine agit de façon très bénéfique sur le coeur. Vous pouvez compléter son action en cultivant la "cohérence cardiaque".

La cohérence cardiaque est un terme utilisé par les scientifiques pour décrire un état particulier de la fréquence cardiaque. Dans ce stade physiologique particulier, les systèmes « nerveux, cardio-vasculaire, hormonal et immunitaire » travaillent de manière harmonieuse, induisant un état de bien-être et favorisant le bon fonctionnement de tout l'organisme. Ce résultat physiologique est provoqué par la mise en œuvre d’une technique de respiration développée et testée par le Heartmath Institute en Californie.

Après une phase initiale qui consiste à tourner son attention vers l'intérieur de soi, il s'agira de prendre deux grandes respirations pour se stabiliser. Puis de continuer à respirer lentement et profondément en portant son attention sur son coeur (ou sur la région centrale de la poitrine) et en imaginant que les mouvements lents et souples de l'inspiration et de l'expiration laissent le coeur se laver dans un bain d'air pur, doux et tendre. La troisième étape consiste à se connecter sur la sensation de chaleur ou d'expansion qui se développe dans la poitrine, de l'accompagner et de l'encourager avec la pensée en évoquant une image de bonheur avec un sentiment de gratitude. A introduire dans son quotidien par une pratique trois fois par jour pendant 5 minutes environ.

La cohérence cardiaque peut même être contrôlée avec un logiciel  de biofeedback qui facilite l'apprentissage. Vous pouvez  trouver sur le lien suivant  quatre videos du Dr David Servan Schreiber , auteur notamment du livre "Guérir le stress, l'anxiété et la dépression", présentant plus d'explications et des démonstrations.

Maintenant que vous avez le coeur apaisé et le sourire aux lèvres, j'aimerai vous emmener du côté des gourmandises champêtres que nous permet l'Aubépine.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.






mercredi 14 novembre 2012

A la découverte de l'Aubépine


Il est un chemin dans mes montagnes arides, qui descend tout d'un bond d'un hameau haut perché jusqu'au bourg endormi au bord de sa rivière de cailloux. C'est un vieux chemin, de ceux que les hommes et les mulets ont parcouru par tous les temps avant que la route ne s'élance à leur rescousse, bousculant son tracé de quelques virages goudronneux. Il a pourtant gardé, à de nombreux endroits, son allure d'antan : bordé d'herbes folles et de fleurs, consolidé de pierres sèches qui s'éboulent un peu et surtout auréolé d'arbres et d'arbustes sur lesquelles les insectes à la saison venue, se grattent le ventre en chantant des chansons.... Et parmi ces arbustes des Aubépines qui vous chavirent l'oeil lorsqu'elles se parent de blancheur quand revient le joli mois de mai. Et un parfum ...

Un certain Marcel Proust (celui des madeleines), fut lui aussi séduit par ce parfum de l'Aubépine : "Je le [le chemin] trouvai tout bourdonnant de l’odeur des Aubépines. La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir. Leur parfum s’étendait aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que si j’eusse été devant l’autel de la Vierge..."

Crataegus monogyra
Mais que je vous présente en bonne et due forme cet arbuste très répandu dans nos campagnes européennes. Les deux espèces d'Aubépine dont il va être question dans cet article sont Crataegus monogyra et Crataegus laevigata. Ces deux espèces se ressemblent. Ce sont toutes deux des arbustes ou petits arbres épineux, de 5 mètres de haut en moyenne, avec des feuilles caduques d'un vert lustré découpées en lobes (lobes plus marqués chez Crataegus laevigata) et dont les fleurs odorantes, aux 5 pétales arrondis, sont blanches parfois teintées de rose et regroupées en corymbes. Leur fruit est une drupe rouge, que l'on appelle communément cenelle, contenant une graine pour l'espèce monogyra et de 2 à 3 graines pour l'espèce laevigata. Les Aubépines appartiennent à la grande famille des Rosacées, et oui, comme la voluptueuse Rose mais aussi comme .... le Pommier.


Aubépine de St Marc-sur-la-futaie

L'Aubépine est rustique et peut atteindre un âge très honorable (500 à 600 ans) si les petits cochons ne la mangent pas avant. Ainsi deux Aubépines, classées dans les "Arbres remarquables", se disputent actuellement en France la palme de la longévité. L'Aubépine de Bouquetot (Eure) aurait été plantée vers 1360 pour célébrer le rattachement de la Normandie à la France. Quant à l'Aubépine de St Marc-sur-la-futaie (Mayenne) la légende la fait remonter au 3ème siècle !

Avec sa floraison immaculée, l'Aubépine a souvent été la compagne des manifestations attachées au mois de mai. Des traditions qui prennent leur racine dans des temps très anciens. C'est ce que je vous raconterai par la suite.

Mais tout d'abord, j'aimerai vous présenter les vertus médicinales de l'Aubépine, cette "Valériane du coeur" comme l'a appelée le Dr Leclerc.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.





mercredi 7 novembre 2012

L'Art de la Vie


Les épices, qui ont fait la renommée de l'Inde et qui ont un rôle très important dans la cuisine indienne, ont aussi leur place dans la thérapeutique Ayurvédique, médecine indienne traditionnelle.

Le Gingembre (Zingiber officinale), mais aussi la Cannelle de Ceylan, la Cardamome, les variétés de Curcuma, la noix de Muscade, les différentes variétés de Poivre sont cités dans les plus anciens traités médicaux sanskrits et ils entrent dans la préparation de nombreux remèdes. Leur emploi dans l'alimentation découle d'ailleurs des propriétés qui leur étaient reconnues en médecine, à une époque où l'art culinaire indien s'inspirait de la diététique Ayurvédique. Cette diététique s’appuie notamment sur une théorie des saveurs avec 5 saveurs fondamentales : le sucré, l'acide, le salé, le piquant, l'amer et l'astringent, chaque saveur ayant un effet spécifique sur l'organisme.

La "Potion des initiés" à base de Gingembre et de citron sert d'aliment aux yogis lors de leurs jeûns. En voici la préparation : pour un verre vous mettrez 1/3 de jus de Gingembre (soit le jus recueilli après passage d'un morceau de Gingembre à la centrifugeuse, soit en faisant infuser à froid du Gingembre râpé dans un peu d'eau pendant 10 minutes puis en filtrant) et 2/3 de jus de citron et vous allongerez d'eau à volonté en sucrant au miel (acacia si vous en avez) selon votre goût.

Sans prétendre maîtriser les arcanes de cet art culinaire multi-millénaire, il est possible d'introduire dans son quotidien quelques pratiques qui sont tirées de la diététique Ayurvédique. Le bon usage des saveurs en fait partie mais aussi le choix d'aliments produits dans les meilleures conditions, la recherche d'une harmonie des couleurs, le choix du mode de cuisson le plus adapté. Un certain nombre de modes de préparation et de cuisson des aliments sont définis dans l'Ayurveda (les samskaras), tous ayant pour objectif de "civiliser" l'aliment, de le vitaliser. Ainsi le plus important, le Vaghar samskara est une véritable alchimie visant à transformer l'aliment par les épices, et non un simple "assaisonnement". Il est important que la préparation de la nourriture se fasse dans une atmosphère calme et avec une concentration particulière. Enfin, la nourriture étant sacrée, avant de commencer le repas, un temps de silence et de recueillement sera préservé, ainsi qu'en fin de repas avec un sentiment de gratitude.

A vous de voir si l'une ou l'autre de ces propositions vous correspond. Dans tous les cas, vous ne résisterez pas au charme de la boisson la plus populaire de l'Inde, qui s'offre et se savoure en tout temps et en tous lieux : le Tchaï.


Qui a promené ses semelles du côté de l'Inde et des pays himalayens, ou plus modestement, du côté d'un resto indien, connaît le fameux Tchaï, ce thé aromatisé aux épices (Gingembre, Cardamone, Cannelle, clous de Grofle) que l'on boit généralement sucré et avec du lait. Pour changer un peu, je vais vous proposer une recette inspirée du livre "Recettes végétariennes indiennes" de Kiran Vyas, un "Tchaï au gingembre et à la menthe", boisson tonique recommandée en hiver. Pour 6 personnes, faites une décoction en faisant bouillir 2 cuillerées à café de Gingembre frais râpé et 2 tiges entières de menthe fraîche dans 1 litre d'eau pendant 10 minutes. Puis ajoutez un petit verre de lait  et 3 cuillerées à soupe de sucre de canne. Lorsque le mélange bout à nouveau, ajoutez 1 cuillerée à soupe de thé noir (style Assam) et arrêtez le feu au bout de 30 secondes. Filtrez et mettez dans un thermos pour le déguster bien chaud.


La prévention joue un grand rôle dans l'Ayurveda, et dans ce cadre, les massages y sont très importants. Parmi les nombreuses techniques de massage qui existent, l'une d'elle nommée Shirodara, consiste à faire couler longuement un filet d'huile sur le front de la personne. Recommandée en cas de migraines, insomnies et difficultés de concentration, ce Shirodara est une vraie bénédiction pour calmer le mental survolté et tourbillonnant qui est souvent le nôtre. Si vous souhaitez essayer, voici une adresse de confiance (il y en a sûrement d'autres) : Tapovan . 



Mais l'Ayurveda c'est bien plus que cela. C'est un véritable Art de la Vie. Aussi pour terminer mon article sur le Gingembre, je vous offre à méditer la sagesse indienne suivante  : 

"Dans ce chaos existe l'harmonie,
dans ces sons discordants existe un accord.
Celui qui est prêt à l'entendre en saisira la tonalité"
Swani Vivekananda

Après ce voyage au bout du "Z", je continue mon dictionnaire Z'Amoureux en me tournant maintenant vers "A" comme Aubépine.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

dimanche 4 novembre 2012

La saison du métal


Les laboratoires occidentaux s'attaquent au Zingiber officinale. Ainsi, plusieurs essais in vitro et sur des animaux ont mis en lumière de nombreuses propriétés du Gingembre : effets antioxydants, anti-inflammatoires, antiplaquettaires, antibactériens et antitumeur. Cependant la plupart des essais cliniques ne sont pas assez complets ou pertinents à ce jour.

Néanmoins, un effet est bien identifié par des études cliniques et reconnu par la médecine occidentale, la propriété antiémétique du Gingembre. Il calme notamment les nausées et vomissements liés aux transports, de la femme enceinte ou post-opératoires. Les doses recommandées sont généralement de l'équivalent de 2 g de Gingembre séché ou de 10 g de Gingembre frais (soit une tranche de rhizome de diamètre moyen d'environ 6 mm à 7 mm d'épaisseur) par jour. On peut croquer ou sucer une tranche de gingembre frais (si on supporte son goût), ou préparer une infusion avec du gingembre fraîchement râpé (avec un peu de miel c'est délicieux ). 

Pour la médecine asiatique, le Gingembre a toujours été une panacée. Le Gingembre a ainsi été traditionnellement utilisé pour traiter les maux suivants : dyspepsie, gaz intestinaux, coliques, spasmes et troubles gastriques, rhume, grippe, maux de gorge, manque d'appétit, maux de tête et douleurs rhumatismales. Il a également été employé comme stimulant et réchauffant.

De tout temps et dans toutes les cultures, on a aussi attribué des vertus aphrodisiaques au gingembre. Alors, pour ceux qui souhaitent réveiller leurs ardeurs amoureuses, voici un "Vin aux sept plantes aphrodisiaques" . Pour 1,5 litre, vous réunirez 10 g de poudre de Gingembre, 5 g d'écorce de Cannelle, 10 g de graines d'Anis vert, 5 g de Thym, 5 g d'écorce d'Orange amère, 5 g de Romarin, 1 petit bâton de Vanille, 100 g de sucre et 1,5 litres de vin blanc. Mettez le vin et toutes les plantes à macérer pendant un mois dans un grand récipient en verre. Puis filtrez. Prélevez 1/2 litre de ce vin et faites un sirop simple en le chauffant dans une casserole avec le sucre. Une fois le sirop refroidi, ajoutez le au reste du vin et mettez en bouteilles. Ce vin revitalisant est à prendre à raison d'un petit verre après le repas du soir pour de longues nuits torrides.

Selon la Médecine traditionnelle chinoise, et de façon plus vérifiable, le Gingembre permet d'éviter les infections du système respiratoire lorsqu'on le prend dès l'apparition des premiers symptômes d'un rhume ou d'une grippe. Je vous laisse d'ailleurs retrouver une tisane contre les refroidissements sur le lien suivant  Tisane Bel hiver où les vertus du Gingembre s'allient aux vertus du Thym.



La MTC est basée sur une représentation symbolique et cyclique de l'ordre des choses, dans laquelle la saveur piquante propre au Gingembre est en relation avec l'élément Métal, cet élément étant en lien avec la saison de l'automne, avec l'émotion de la tristesse et avec les organes du poumon et du gros intestin. Cette saveur piquante permet la diffusion de l'énergie des poumons et leur humidification. Elle est recommandée lorsque les poumons sont trop secs, dans les états de fièvre sans transpiration. 

Dans la MTC, tout est en lien de dépendance réciproque. Ainsi, si une maladie ou une mauvaise hygiène de vie ont rendu l'énergie des poumons déficiente, alors le déséquilibre de l'élément Métal se traduit par des sentiments de chagrin, de mélancolie, de vague à l'âme. Le corps se resserre, les épaules s'enroulent et le souffle se restreint. Ceci entretient encore plus la déficience des poumons. A l'inverse, un choc émotionnel, par le biais du chagrin, va déséquilibrer l'élément Métal et l'énergie des poumons, ce qui en final va renforcer l'émotion de tristesse. Il va donc falloir rétablir la circulation des énergies en agissant sur le corps ou sur les émotions. 

Quand la perturbation émotionnelle est trop forte, ne cherchez pas à réagir mentalement. Faites plutôt bouger la situation en agissant sur le corps. Ainsi vous pouvez utiliser des exercices  pour libérer la respiration ce qui vous libérera aussi des émotions figées et permettra que la sérénité revienne. Voici deux exercices respiratoires, inspirés du livre "Les cinq saisons de l'énergie" d'Isabelle Laading, qui vont libérer les papillons de votre corps. Ces exercices sont très bénéfiques en automne.

Pour le premier exercice respiratoire, vous allez vous allonger sur le sol, sur un tapis ou une couverture, les bras légèrement ouverts avec les paumes tournées vers le ciel, vous repliez les jambes confortablement, les pieds bien à plat au sol. Vous allez inspirer et expirer tranquillement par le nez, dans une respiration abdominale. A l'inspir, vous guidez le souffle vers le ventre, vous le laissez descendre comme une vague  jusque dans le bassin, que vous imaginez comme un papillon (le sacrum est le corps du papillon et les os iliaques ses ailes). A l'expir, votre concentration va se porter sur le bas-ventre qui s'abaisse tout en douceur, votre bassin et la région lombaire vont s'étaler souplement sur le sol. Pendant la respiration abdominale, le haut du corps doit rester le plus détendu possible, il ne participe pas à cette respiration, déposez-le bien sur le sol. Continuez une dizaine de respirations puis restez allongé le temps de trois respirations "normales" et relevez-vous tout doucement ou bien enchaînez avec le deuxième exercice respiratoire.

Pour le deuxième exercice respiratoire, vous allez préparer un rouleau de couverture bien serré, qui aura pour longueur au moins la taille de votre carrure et une épaisseur de 10 à 20 cm suivant votre corpulence. Asseyez-vous sur le sol en plaçant le rouleau perpendiculairement à votre colonne. Une fois en position allongée, le rouleau se trouve sous vos omoplates. La tête est reposée au sol ou sur un livre si cela vous est plus confortable. Vous ouvrez les bras latéralement, les paumes tournées vers le ciel puis vous allongez les jambes  tranquillement. Une fois installé, lâchez-prise, il n'y a rien à faire, laissez votre respiration naturelle se calmer et s'allonger sans la forcer. Relâchez la zone des omoplates, les ailes du deuxième papillon du corps, ainsi que tout le dos. Au bout de quelques minutes, ramenez vos bras vers vous, repliez les jambes, dégagez-vous du rouleau et appréciez la légèreté avant de vous relevez très doucement.

Hum ! un bon soupir ou un bâillement  un étirement, vous voilà prêts à me suivre pour la dernière partie de mon article sur le Gingembre où nous allons parler d'un Art de la Vie multi-millénaire, l'Ayurveda.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 31 octobre 2012

Un rhizome at home ou ....une épice à la maison

Cézanne : nature morte avec pot de gingembre
A notre époque, il est banal de trouver dans un coin de cuisine ou à l'épicerie du quartier, ces fameux rhizomes de Zingiber officinale. Les préparations culinaires du monde entier deviennent accessibles. Dans ce mouvement, les influencent se croisent et la nouvelle cuisine française s'est vue émoustillée par des épices en tous genres, dont le Gingembre. Nos voisins les Grands-bretons ne l'avaient jamais perdu de vue avec les marmelades et les biscuits au Gingembre. Nos cousins Germains et d'Europe centrale ont toujours aimé réchauffer leur gâteaux et leurs plats d'épices lointaines.

Mais il ne faut pas oublier que c'est l'art culinaire développé au long du Moyen-âge qui a donné au Gingembre ses lettres de noblesse dans nos assiettes européennes. A cette époque, les palais sont friands d’épicés, d’aigre doux, et de miel, préféré au sucre car beaucoup plus accessible. 


Les premiers textes culinaires en France datent de l'an 1300 environ. Il s'agit de traités à l'usage des grands de ce monde et ils font la part belle aux épices venues de l'Orient. C'est de cette époque que date "Le Viandier",  écrit par celui que l'on nomme Taillevent (Guillaume Tirel, 1310-1395 ) et que l'on peut considérer comme le premier grand cuisinier français. Le gingembre s'y retrouve dans de nombreuses recettes, comme celle-ci recommandé pour les jours maigres, dans le langage de l'époque (ce que vous ne comprenez pas, inventez-le) :
"Pour faire souppe à moustarde, pour jour de poisson, prends oeufz fris à l'uyle ou au beurre, et puis ayés pure moutarde, canelle, gingembre, menues espices comme cloux, et graine, et sucre raysonnablement; coulé tout ensemble et boullir en ung pot, et deffait de vert jus, et gouter de set ainsi qu'il appartient, et mettés le bouillon à part."

Maintenant, si vous souhaitez donner une petite allure médiévale à votre cuisine, voici la recette, modernisée mais fidèle, d'une sauce très employée au Moyen-âge pour accompagner le poisson : la "Cameline à l'ail et au gingembre" (le nom vient de sa couleur qui rappelle celle des chameaux). Pour la préparer, vous pilez 4 gousses d'ail en pommade dans un mortier, vous ajoutez 1 cuillerée à café rase de gingembre en poudre et un peu de sel. Vous mouillez ensuite 3 tranches de pain avec 8 cl de vinaigre, puis vous les essorez et vous les écrasez. Ensuite vous délayez le tout dans 10 cl d'eau ou de bouillon tiède. Malaxez, ajoutez quelques feuilles de persil et d'oseille ciselées. Faites cuire doucement. Lorsque la sauce est homogène, ajoutez-la au poisson qu'elle doit parfumer.

Vous voyez que, contrairement à certaines idées reçues, nos gastronomes médiévaux ne se baffraient pas de viandes faisandées et dégoulinantes de graisses douteuses accompagnées de brouets écoeurants. 

Et puis, quand l'hiver arrive, quand les nuits deviennent longues, que le soleil pâle éclaire mais ne réchauffe pas, que la neige recouvre de son blanc manteau nos petits villages transis de froid (si vous habitez en ville et dans le midi, vous imaginez), quand les enfants s'impatientent de voir arriver Noël ou bien qu'ils ont déjà cassé tous leurs nouveaux jouets, qu'il y a-t'il de plus agréable qu'un bon vin chaud, celui-ci étant le descendant de l'Hypocras médiéval, vin fortement sucré avec du miel auquel était ajouté de la cannelle et du gingembre.


Pendant que nous sommes plongés dans les saveurs des épices, et pour vous permettre de gâter vos grands-parents et vos petits-enfants, voici une recette simple de "Pain d'épices"  et qui plus est, sans oeufs.  Il vous faut réunir pour 8 personnes  : 250 gr de farine, 200 gr de miel liquide, 50 gr de sucre roux, 10 cl de crème liquide, 1 sachet de levure, 1 sachet de sucre vanillé, 1/2 cuiller à café de mélange des 4 épices suivantes : gingembre, cannelle, girofle, muscade. Vous mélangez tous les ingrédients dans un robot, puis vous versez le mélange dans un moule à cake beurré et vous faites cuire au four th.6 (170°C) pendant 45 min environ.

Évitez toutefois d'utiliser un moule en forme de "bonhomme" ou alors fermez bien les fenêtres pour qu'il ne vous arrive pas la même mésaventure qu'à la vieille dame des livres de notre enfance. Bien que très connue, cette histoire est toujours appréciée des petits et je vous la rappelle pour que vous puissiez vous en servir pour la fameuse "histoire avant de s'endormir" de vos bambins. Je compte sur vous pour l'enjoliver de détails à votre convenance et lui ajouter de multiples épisodes aventuriers.


"Il était une fois, une vieille dame qui vivait dans une vieille maison à la campagne. Un jour elle décida de faire une surprise à ses petits enfants qui viendraient la visiter. Je vais leur cuisiner un de mes délicieux pains d'épice qu'ils aiment tant. Elle eu l'idée de donner à son gâteau la forme d'un petit bonhomme. Elle prépara la pâte et mit le gâteau au four.

Hum ! que ça sent bon ! 
" Ce petit bonhomme de pain d'épice 
devrait être prêt maintenant."
La vieille dame ouvrit la porte du fourneau.
Et hop ! le petit bonhomme de pain d'épice s'enfuit aussitôt par la fenêtre."


Mais le Gingembre possède d'autres vertus que celles de parfumer nos cuisines et de nous faire retomber en enfance. La pharmacopée chinoise et l'ayurveda lui font une belle place et la science occidentale commencent à l'étudier sérieusement. C'est ce que j'aimerai évoquer dans la suite de mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 28 octobre 2012

A la découverte de Zingiber officinale


Brassens le chantait "Sans le latin, sans le latin, la messe nous em....". Je ne complète pas la strophe, ceci étant un blog "bon ton" ! Et bien pour ma part, sans le latin, j'aurai été bien embêtée avec la lettre "Z" de mon dictionnaire Z'Amoureux. Et c'est grâce au latin - latin de cuisine peut on ajouter dans ce cas - que je vais vous présenter maintenant Zingiber officinale, de la famille des Zingibéracées, que l'on nomme en français le Zinzembre...euh non, le Gingembre !

Originaire de l'Asie, ce Gingembre ne date pas d'hier. Le fait qu'il ait perdu la faculté de se reproduire par graines - il ne se perpétue que par son rhizome - montre qu'il a été domestiqué par les humains il y a fort longtemps. Il était déjà utilisé pour la cuisine ou la santé il y a plus de 5000 ans en Chine et en Inde. Tous les peuples d'Asie lui sont d'ailleurs restés fidèles, je vous en parlerai un peu plus loin.

On pense que le Gingembre est arrivé en Europe un siècle environ avant notre ère, amené via les grandes voies de circulation des marchandises entre l'Orient et l'Occident. Les grecs et les romains lui reconnaissaient des vertus médicinales : facilitateur de la digestion et antidote de poisons. C'est surtout à partir du IXe siècle que cette épice se répandit en Europe. Elle était très en vogue dans la cuisine médiévale européenne (1 livre de Gingembre coûtait l'équivalent d'un mouton, ce qui était beaucoup moins que le Poivre) et courante jusqu'au XVIIIe siècle. A partir de cette époque, les Français la délaissèrent, contrairement à leurs voisins européens.




Voici donc à quoi ressemble le Gingembre sur pied : c'est une plante tropicale dont les tiges dressées sont issue d'un rhizome charnu et odorant. Sa taille se situe entre 90 cm et 1,50 m de haut. Ses feuilles sont allongées, étroites et engainantes. Ses fleurs sont blanches et jaunes bordées de rouge. 




Dès le début du XVIe siècle, les Espagnols implantèrent le gingembre dans les Caraïbes et le cultivèrent intensivement, particulièrement en Jamaïque, afin d'alimenter les marchés européens. De nos jours, on cultive le gingembre dans toutes les régions chaudes de la planète. La composition et la qualité des rhizomes varient considérablement d'un pays à l'autre. 

Si vous souhaitez en cultiver chez vous, sachez que ce n'est pas gagné car nos climats ne sont pas ce qu'il préfère ! Vous pouvez toujours essayer la culture en pot, dans un terreau léger et bien riche. En début d'automne, sacrifiez un rhizome issu de votre épicerie bio. Posez-le en surface du terreau, sans l'enfoncer complètement. Arrosez bien et placez le pot devant une fenêtre bien lumineuse.  Surveillez bien l'apport en eau (ni trop, ni trop peu). S'il se plait chez vous, le rhizome formera alors de jolies tiges. Avec un peu de chance, entre 5 à 9 mois après la plantation, vous pourrez déterrer une partie des rhizomes pour les consommer.



Ce que les gens aiment dans le Gingembre c'est son côté piquant et chaud. Piquant qui persiste quand il est confit au sucre, donnant un contraste du plus bel effet. Les principaux composés responsables du goût piquant du gingembre sont le gingérol et le shoagol, ils ont des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires démontrées in vitro. Durant la déshydratation du gingembre, les gingérols se transforment en shogaols, que l'on retrouve donc en plus grande quantité dans le gingembre séché en poudre que dans le gingembre frais, leurs saveurs ne seront donc pas identiques.


La saveur du Gingembre a eu beaucoup de succès dans la grande cuisine médiévale. Il nous en reste des recettes. C'est ce que j'aimerai vous raconter dans la suite de mon article.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.