mercredi 31 octobre 2012

Un rhizome at home ou ....une épice à la maison

Cézanne : nature morte avec pot de gingembre
A notre époque, il est banal de trouver dans un coin de cuisine ou à l'épicerie du quartier, ces fameux rhizomes de Zingiber officinale. Les préparations culinaires du monde entier deviennent accessibles. Dans ce mouvement, les influencent se croisent et la nouvelle cuisine française s'est vue émoustillée par des épices en tous genres, dont le Gingembre. Nos voisins les Grands-bretons ne l'avaient jamais perdu de vue avec les marmelades et les biscuits au Gingembre. Nos cousins Germains et d'Europe centrale ont toujours aimé réchauffer leur gâteaux et leurs plats d'épices lointaines.

Mais il ne faut pas oublier que c'est l'art culinaire développé au long du Moyen-âge qui a donné au Gingembre ses lettres de noblesse dans nos assiettes européennes. A cette époque, les palais sont friands d’épicés, d’aigre doux, et de miel, préféré au sucre car beaucoup plus accessible. 


Les premiers textes culinaires en France datent de l'an 1300 environ. Il s'agit de traités à l'usage des grands de ce monde et ils font la part belle aux épices venues de l'Orient. C'est de cette époque que date "Le Viandier",  écrit par celui que l'on nomme Taillevent (Guillaume Tirel, 1310-1395 ) et que l'on peut considérer comme le premier grand cuisinier français. Le gingembre s'y retrouve dans de nombreuses recettes, comme celle-ci recommandé pour les jours maigres, dans le langage de l'époque (ce que vous ne comprenez pas, inventez-le) :
"Pour faire souppe à moustarde, pour jour de poisson, prends oeufz fris à l'uyle ou au beurre, et puis ayés pure moutarde, canelle, gingembre, menues espices comme cloux, et graine, et sucre raysonnablement; coulé tout ensemble et boullir en ung pot, et deffait de vert jus, et gouter de set ainsi qu'il appartient, et mettés le bouillon à part."

Maintenant, si vous souhaitez donner une petite allure médiévale à votre cuisine, voici la recette, modernisée mais fidèle, d'une sauce très employée au Moyen-âge pour accompagner le poisson : la "Cameline à l'ail et au gingembre" (le nom vient de sa couleur qui rappelle celle des chameaux). Pour la préparer, vous pilez 4 gousses d'ail en pommade dans un mortier, vous ajoutez 1 cuillerée à café rase de gingembre en poudre et un peu de sel. Vous mouillez ensuite 3 tranches de pain avec 8 cl de vinaigre, puis vous les essorez et vous les écrasez. Ensuite vous délayez le tout dans 10 cl d'eau ou de bouillon tiède. Malaxez, ajoutez quelques feuilles de persil et d'oseille ciselées. Faites cuire doucement. Lorsque la sauce est homogène, ajoutez-la au poisson qu'elle doit parfumer.

Vous voyez que, contrairement à certaines idées reçues, nos gastronomes médiévaux ne se baffraient pas de viandes faisandées et dégoulinantes de graisses douteuses accompagnées de brouets écoeurants. 

Et puis, quand l'hiver arrive, quand les nuits deviennent longues, que le soleil pâle éclaire mais ne réchauffe pas, que la neige recouvre de son blanc manteau nos petits villages transis de froid (si vous habitez en ville et dans le midi, vous imaginez), quand les enfants s'impatientent de voir arriver Noël ou bien qu'ils ont déjà cassé tous leurs nouveaux jouets, qu'il y a-t'il de plus agréable qu'un bon vin chaud, celui-ci étant le descendant de l'Hypocras médiéval, vin fortement sucré avec du miel auquel était ajouté de la cannelle et du gingembre.


Pendant que nous sommes plongés dans les saveurs des épices, et pour vous permettre de gâter vos grands-parents et vos petits-enfants, voici une recette simple de "Pain d'épices"  et qui plus est, sans oeufs.  Il vous faut réunir pour 8 personnes  : 250 gr de farine, 200 gr de miel liquide, 50 gr de sucre roux, 10 cl de crème liquide, 1 sachet de levure, 1 sachet de sucre vanillé, 1/2 cuiller à café de mélange des 4 épices suivantes : gingembre, cannelle, girofle, muscade. Vous mélangez tous les ingrédients dans un robot, puis vous versez le mélange dans un moule à cake beurré et vous faites cuire au four th.6 (170°C) pendant 45 min environ.

Évitez toutefois d'utiliser un moule en forme de "bonhomme" ou alors fermez bien les fenêtres pour qu'il ne vous arrive pas la même mésaventure qu'à la vieille dame des livres de notre enfance. Bien que très connue, cette histoire est toujours appréciée des petits et je vous la rappelle pour que vous puissiez vous en servir pour la fameuse "histoire avant de s'endormir" de vos bambins. Je compte sur vous pour l'enjoliver de détails à votre convenance et lui ajouter de multiples épisodes aventuriers.


"Il était une fois, une vieille dame qui vivait dans une vieille maison à la campagne. Un jour elle décida de faire une surprise à ses petits enfants qui viendraient la visiter. Je vais leur cuisiner un de mes délicieux pains d'épice qu'ils aiment tant. Elle eu l'idée de donner à son gâteau la forme d'un petit bonhomme. Elle prépara la pâte et mit le gâteau au four.

Hum ! que ça sent bon ! 
" Ce petit bonhomme de pain d'épice 
devrait être prêt maintenant."
La vieille dame ouvrit la porte du fourneau.
Et hop ! le petit bonhomme de pain d'épice s'enfuit aussitôt par la fenêtre."


Mais le Gingembre possède d'autres vertus que celles de parfumer nos cuisines et de nous faire retomber en enfance. La pharmacopée chinoise et l'ayurveda lui font une belle place et la science occidentale commencent à l'étudier sérieusement. C'est ce que j'aimerai évoquer dans la suite de mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 28 octobre 2012

A la découverte de Zingiber officinale


Brassens le chantait "Sans le latin, sans le latin, la messe nous em....". Je ne complète pas la strophe, ceci étant un blog "bon ton" ! Et bien pour ma part, sans le latin, j'aurai été bien embêtée avec la lettre "Z" de mon dictionnaire Z'Amoureux. Et c'est grâce au latin - latin de cuisine peut on ajouter dans ce cas - que je vais vous présenter maintenant Zingiber officinale, de la famille des Zingibéracées, que l'on nomme en français le Zinzembre...euh non, le Gingembre !

Originaire de l'Asie, ce Gingembre ne date pas d'hier. Le fait qu'il ait perdu la faculté de se reproduire par graines - il ne se perpétue que par son rhizome - montre qu'il a été domestiqué par les humains il y a fort longtemps. Il était déjà utilisé pour la cuisine ou la santé il y a plus de 5000 ans en Chine et en Inde. Tous les peuples d'Asie lui sont d'ailleurs restés fidèles, je vous en parlerai un peu plus loin.

On pense que le Gingembre est arrivé en Europe un siècle environ avant notre ère, amené via les grandes voies de circulation des marchandises entre l'Orient et l'Occident. Les grecs et les romains lui reconnaissaient des vertus médicinales : facilitateur de la digestion et antidote de poisons. C'est surtout à partir du IXe siècle que cette épice se répandit en Europe. Elle était très en vogue dans la cuisine médiévale européenne (1 livre de Gingembre coûtait l'équivalent d'un mouton, ce qui était beaucoup moins que le Poivre) et courante jusqu'au XVIIIe siècle. A partir de cette époque, les Français la délaissèrent, contrairement à leurs voisins européens.




Voici donc à quoi ressemble le Gingembre sur pied : c'est une plante tropicale dont les tiges dressées sont issue d'un rhizome charnu et odorant. Sa taille se situe entre 90 cm et 1,50 m de haut. Ses feuilles sont allongées, étroites et engainantes. Ses fleurs sont blanches et jaunes bordées de rouge. 




Dès le début du XVIe siècle, les Espagnols implantèrent le gingembre dans les Caraïbes et le cultivèrent intensivement, particulièrement en Jamaïque, afin d'alimenter les marchés européens. De nos jours, on cultive le gingembre dans toutes les régions chaudes de la planète. La composition et la qualité des rhizomes varient considérablement d'un pays à l'autre. 

Si vous souhaitez en cultiver chez vous, sachez que ce n'est pas gagné car nos climats ne sont pas ce qu'il préfère ! Vous pouvez toujours essayer la culture en pot, dans un terreau léger et bien riche. En début d'automne, sacrifiez un rhizome issu de votre épicerie bio. Posez-le en surface du terreau, sans l'enfoncer complètement. Arrosez bien et placez le pot devant une fenêtre bien lumineuse.  Surveillez bien l'apport en eau (ni trop, ni trop peu). S'il se plait chez vous, le rhizome formera alors de jolies tiges. Avec un peu de chance, entre 5 à 9 mois après la plantation, vous pourrez déterrer une partie des rhizomes pour les consommer.



Ce que les gens aiment dans le Gingembre c'est son côté piquant et chaud. Piquant qui persiste quand il est confit au sucre, donnant un contraste du plus bel effet. Les principaux composés responsables du goût piquant du gingembre sont le gingérol et le shoagol, ils ont des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires démontrées in vitro. Durant la déshydratation du gingembre, les gingérols se transforment en shogaols, que l'on retrouve donc en plus grande quantité dans le gingembre séché en poudre que dans le gingembre frais, leurs saveurs ne seront donc pas identiques.


La saveur du Gingembre a eu beaucoup de succès dans la grande cuisine médiévale. Il nous en reste des recettes. C'est ce que j'aimerai vous raconter dans la suite de mon article.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 21 octobre 2012

V comme .....Verveine du Velay


Voici le Puy-en-Velay, préfecture de la Haute-Loire. Une terre rude, posée sur de lourds volcans considérés comme éteints et qui ont modelé un paysage étonnant. Une ville de mystère dont les rues sinuent et s'insinuent entre des rochers de basalte dont les sommets sont consacrés au Ciel, l'un avec l'immense statue de Marie sur le rocher Corneille, l'autre avec la chapelle de St Michel l'Aiguilhe. Ici, rien de commun avec les pays d'origine de la Verveine citronnée. Surtout pas le climat avec ses hivers de bises glaciales. Et pourtant, qui ne connait pas la fameuse "Verveine du Velay", une liqueur à la couleur si verte qu'elle en éblouit l'oeil et qui se savoure glacée après le repas d'abord parce que "ça fait digérer" mais surtout parce que c'est diablement bon, ce qui est une hérésie dans cette ville emplie de sainteté !


la cueillette de la Verveine en Velay
Et pour fabriquer cette liqueur, mise au point en 1859, par Joseph Rumillet-Charretier, apothicaire de métier dans la ville du Puy-en-Velay, la Distillerie PAGÈS "continue à maîtriser la culture et le ramassage des plants de Verveine. Une partie est produite sous la houlette du maître distillateur, une autre partie par les sœurs du carmel de Vals". Une vraie Verveine du Velay donc, plantée à chaque mois de mai pour être ramassée en septembre. A cette Verveine, seront ajoutées de nombreuses autres plantes, aromates et épices, mais chut! ce sont des secrets de chaix.

Sans faire concurrence au savoir-faire de cette distillerie de tradition (ainsi qu'à celui de tous les autres producteurs de cette région), si cela vous dit de fabriquer vous-même votre élixir de Verveine, voici une recette-maison.

Pour le préparer il vous faudra réunir 1 litre d'eau-de-vie à 45°, 60 feuilles fraîches de Verveine citronnée, 60 morceaux de sucre, 1/2 zeste de citron bio, 10 g de macis de muscade. Commencez par prélever le zeste d'un demi-citron et faites-le sécher au four un instant. Mettez dans un bocal les feuilles de Verveine citronnée, ajoutez le sucre, le macis, le zeste de citron sec puis l'eau-de-vie. Laissez macérer un mois au sec et à l'abri de la lumière. Filtrez et mettez en bouteille. Vous pouvez déguster de suite, avec modération bien sûr !

Avec cet élixir, vous pourrez préparer un délicieux entremet, qui plus est sans gluten. Pour en avoir la recette cliquez sur le lien suivant : la crème vellave.


Dans le Puy-en-Velay de mon enfance, il était encore possible de voir de vieilles femmes pratiquer dans la rue, pour les touristes, la tradition de la dentelle aux fuseaux, technique fascinante à regarder et dont le bruit des petits fuseaux de bois s'entrechoquant doucement reste encore dans ma mémoire. Heureusement des passionnés relèvent de nos jours le défi de ne pas laisser tomber cet art dans l'oubli, même s'ils préfèrent pour le pratiquer le douillet de leur domicile et la convivialité des associations. Si cet art vous intéresse, vous pouvez en savoir plus avec le Centre d'enseignement de la dentelle au fuseau en cliquant sur le lien suivant : La dentelle du Puy.




En tout cas, si vous passez au Puy-en-Velay, n'oubliez surtout pas d'aller saluer dans la Cathédrale, la petite Vierge noire avec ses habits ornementaux brodés de fleurs magnifiques. Si vous y êtes pour le 15 août vous pourrez assister à sa procession dans les rues de la ville.



Enfin si le courage vous en dit, de cette même Cathédrale, vous partirez peut-être sur la fameuse "Via podiensis" à la suite des si nombreux pèlerins en route vers St Jacques de Compostelle. Pour vous y préparer, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : GR 65, chemin de St Jacques . Et que l'enthousiasme de la Verveine vous soutienne tout au long du chemin !



Finalement, il n'y a pas si loin de la Verveine au Puy-en-Velay. Car tous deux sont placés sous le signe du sacré. Je terminerai donc mon article Z'Amoureux sur la Verveine en vous proposant cette pensée tirée du livre de Guy Fuinel "Plantes de Dieu, plantes des hommes" :

Tout à la fois splendeur et générosité,
les plantes s'élèvent de la matière vers la spiritualité,
elles tirent l'Homme vers sa divinité.


Pour continuer mon dictionnaire Z'Amoureux, je vais prendre quelques libertés et aller directement à la lettre "Z" comme "Zinziber officinale", c'est-à-dire sans zozotter, le Gingembre.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



mercredi 17 octobre 2012

La Verveine citronnée, une bien bonne plante




  • La Verveine citronnée va prendre soin de votre bien-être. 

Grâce à ses propriétés eupeptiques (qui favorise la digestion), stomachiques (qui stimule l'estomac), antispasmodiques (qui calme les contractions involontaires des muscles et des organes), vous l'avez (presque) deviné, ce sera une bonne infusion pour tous ceux qui souffrent de troubles fonctionnels de la digestion : dyspepsie (digestion difficile), gastralgie (mal d'estomac), aérophagie (= le fait de "manger de l'air") et tout autre inconfort qui les accompagne (lourdeurs, tiraillements, ballonnements, ...). A condition bien sûr de suivre aussi une diététique adaptée, en veillant en particulier à préserver un environnement calme pour vos repas.

Pour cela vous prendrez en fin de repas une tisane préparée en faisant infuser pendant 10 minutes hors du feu et à couvert une belle pincée de feuilles sèches pour une tasse d'eau bouillante. Certains y ajouteront une petite pincée de feuilles sèches de Menthe poivrée, dont les propriétés viendront renforcer les vertus de la Verveine citronnée. Si vous le souhaitez, vous pouvez aller consulter l'article sur cette autre belle plante odorante avec le lien suivant : la Menthe poivrée

Que de mots compliqués me direz-vous pour décrire des maux si communs ? Allons, ne jouons pas les bougons moroses, voici une belle occasion d'enrichir notre vocabulaire et de cultiver la précision.

D'ailleurs, si vous vous sentez un peu trop "Calimero" ou "Schtroumpf grognon" en ce moment avec tendance à la nervosité et aux difficultés d'endormissement, cette petite infusion prise à raison de 2 tasses par jour dont une en début de soirée (sans la Menthe poivrée) vous fera du bien car la Verveine citronnée est également sédative (effet calmant sur le système nerveux central). Les herboristes, qui aiment créer des synergies, proposerons de mélanger la Verveine odorante avec d'autres plantes calmantes, comme l'Oranger amer, dont vous retrouverez les propriétés sur le lien suivant : l'Oranger amer





  • Avec un parfum comme le sien, vous vous doutez que l'on peut obtenir par distillation de ses feuilles à la vapeur d'eau, de l'huile essentielle de Verveine citronnée ( HE de Lippia citriodora) ainsi que l'hydrolat associé. 

Cependant, le rendement est faible : il faut 7000 kilos de plante pour obtenir 1 litre d'huile essentielle. C'est donc une huile essentielle précieuse. La composition de l'HE de Lippia citriodora est riche en aldéhydes terpéniques avec près de 40% de citrals (néral, géranial). Sont aussi présents des sesquiterpènes. Sa composition va lui donner des propriétés sédatives puissantes, anxiolytiques et calmantes ainsi qu'anti-inflammatoires. Elle pourra donc être utile dans les cas d'angoisses, de stress, de certaines dépressions nerveuses, d'insomnies avec anxiété, ainsi que dans certaines pathologies inflammatoires du tube digestif.  C'est une huile essentielle intéressante pour les tempéraments bilieux.

Précautions d'usages et contre-indications :
- Par précaution, elle ne sera pas utilisée chez la femme enceinte ou allaitante, chez les jeunes enfants
- C'est une huile essentielle dermocaustique à l'état pur et photosensibilisante. La diluer à 10% dans de l'huile végétale et ne pas s'exposer au soleil après une application cutanée.
- A haute dose, par voie orale, elle peut irriter l'estomac, ne pas dépasser les doses conventionnelles. 
En fait, l'utilisation la plus facile pour cette huile essentielle sera l'aromathérapie olfactive.

En cas de baisse de moral, la fameuse déprime qui fait que tout devient gris et bof, une façon simple de l'utiliser est de respirer au-dessus du flacon d'HE de Verveine citronnée, matin et soir.

Pour aider à surmonter des périodes difficiles, cette huile essentielle de Verveine citronnée se combine bien avec l'huile essentielle de Petit grain bigarade et l'essence de Mandarine. Vous pourrez procéder à la diffusion atmosphérique d'un mélange à part égale de quelques gouttes de ces huiles essentielles à raison d'une demi-heure matin et soir dans les pièces à vivre.

Pour une action plus dynamisante, vous utiliserez, toujours en  diffusion atmosphérique, quelques gouttes d'un autre mélange que vous préparerez dans un flacon de 25 ml avec 2 ml d'HE de Verveine citronnée, 10 ml d'Ess de citron et 10 ml d'HE de Pin sylvestre.




  • A la suite de la distillation à la vapeur d'eau, on recueille un hydrolat de Verveine citronnée (HA de Lippia citriodora) aux propriétés très intéressantes et plus facile d'usage que l'huile essentielle.

Il peut ainsi être utilisé en soutien d'autres traitements dans les cas de maladie de Crohn, dans un mélange de plusieurs hydrolats pour un effet anti-inflammatoire, cicatrisant, calmant et équilibrant digestif. Pour cela, seront mélangés à part égale, les hydrolats suivants : HA de Verveine citronnée, HA de Ciste ladanifère, HA de Marjolaine à coquilles, HA de Camomille romaine, HA de Fleurs d'oranger. Ce mélange sera pris à raison d'une cuillerée à café dans un verre d'eau tiède avant les repas.

A un niveau psycho_énergétique, cet hydrolat de Verveine citronnée va être utile dans les périodes de stagnation énergétique et mentale, quand la joie manque, que l'on s'installe dans la morosité et que l'on a du mal à accepter son destin, quand il est nécessaire de tourner la page. En fait, quand on a bien besoin du coup de pouce d'une "fée clochette". Cet hydrolat se prendra alors à raison d'une cuillerée à café dans un peu d'eau à boire par petites gorgées en cours de journée, en cure de 40 jours.

Pour avoir un teint de fée, vous pourrez vous faire également un "masque régénérant" en mélangeant 1 bonne cuillerée à soupe de miel crémeux et 1 pointe de couteau de gelée royale avec 1 cuillerée à soupe d'huile végétale d'abricot, puis ajoutez 1 cuillerée à café d'hydrolat de Verveine en remuant bien. Laissez poser sur le visage pendant un petit quart d'heure, en restant au calme. Puis retirez avec de l'Eau de fleurs d'oranger ou bien un hydrolat de rose.

D'ailleurs, il y a sûrement eu l'intervention d'une fée pour que cette Verveine citronnée si exotique s'associe à un pays rude du centre de la France : le Velay ! C'est ce que j'aimerai vous faire découvrir dans la dernière partie de mon article sur la Verveine.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

dimanche 14 octobre 2012

La Verveine citronnée, une cousine exhubérante


Notre petite Verveine officinale des bords du chemin possède une cousine beaucoup plus connue de nos contemporains : la Verveine citronnée, Lippia citriodora de son nom latin. Cette plante fut introduite en Europe à la fin du XVIIIe siècle.

Bien qu'appartenant à la même famille, les Verbénacées, la Verveine citronnée marque sa différence.

Cet arbuste vivace peut atteindre plus de 3 mètres de haut dans son aire d'origine (Amérique du Sud, Pérou, Chili)  mais  ne dépasse guère le mètre sous nos climats. Ses feuilles vert clair, sont allongées et pointues, verticillées par trois ou quatre sur les tiges, rudes au toucher, et dégagent une odeur citronnée au froissement. Ses petites fleurs blanches ou mauves sont regroupées en épis longs.

Pour votre agrément, la Verveine citronnée a sa place aussi bien au potager avec ses feuilles délicieusement parfumées qu'au jardin d'ornement où elle apporte une touche de fraîcheur. Par contre, elle ne supporte que de faibles gelées ponctuelles. On peut la cultiver en pleine terre dans les régions où les hivers ne sont pas froids (Sud-Est de la France, côte Atlantique), à condition de prévoir un bon paillage du pied. Ailleurs, il est préférable de la cultiver en pot, et de la rentrer dans une pièce fraîche avant les premières gelées. 

Cette plante connut un grand succès durant l'Angleterre victorienne, pour la création de pots-pourris du fait du parfum tenace de ses feuilles sèches. Ces pots-pourris comportent de nombreuses plantes. De façon plus simple, vous pouvez embaumer vos habits avec des sachets pour armoires à la Verveine citronnée. La préparation est facile : vous trouverez dans le commerce des sachets de mousseline (ou vous les fabriquerez de quelques coups d'aiguilles), vous les remplirez de feuilles de Verveine citronnée sèches (ou vous ferez séchez vos propres feuilles de Verveine ramassées par temps sec et déposées sur une gaze, à l'ombre et au sec, ce sera prêt en 48 heures environ), ne bourrez pas trop les sachets pour que l'air puisse circuler entre les feuilles, fermez-les avec un lien de ruban ou autre dispositif esthétique. Vos sachets sont prêts à être glissés dans les commodes et armoires.

Pour les fées du logis, je vous donne la recette d'un "Nettoyant à vitres" , inspirée du livre "Le grand livre des herbes" de Jekka McVicar. Pour le préparer, vous mettrez 1 bonne poignée de feuilles de Verveine citronnée dans une casserole avec 250 ml d'eau, vous porterez à ébullition et, en réduisant le feu, vous laisserez frémir pendant 10 minutes. Une fois refroidi, vous filtrerez et vous verserez dans une bouteille étiquetée. Vous ajouterez alors 2 cuillerées à soupe de  vinaigre blanc et quelques gouttes de savon de Marseille liquide. Fermez et secouez bien avant usage. Vous appliquerez ce nettoyant sur vos vitres en frottant ensuite avec un chiffon microfibre (ou du papier journal pour les puristes). A utiliser dans les 3 semaines.


Mais cette Verveine citronnée n'est pas seulement appréciée pour son parfum, elle l'est aussi pour sa saveur. Bien que certains artistes des fourneaux l'introduisent dans des recettes salées, c'est dans les boissons et desserts qu'elle est la plus utilisée. Pour une préparation rafraîchissante sans être refroidissante, voici la recette d'une "Boisson à la Verveine et au citron". Pour environ 1,5 litre de boisson, vous verserez 1,5 litre d'eau dans une casserole avec 2 cuillerées à soupe de sirop d'agave, pendant que le mélange chauffe, vous prélèverez le zeste d'un citron bio, que vous ajouterez dans la casserole, pressez ensuite le jus du citron que vous ajoutez également. Quand le liquide est arrivé à ébullition, jetez dedans 2 belles poignées de feuilles de Verveine citronnée et laissez infuser hors du feu et à couvert pendant 10 minutes. Filtrez, laissez refroidir et mettez en bouteilles à placer au réfrigérateur. A boire très frais dans les deux jours.

Et comme si cela ne suffisait pas de sentir bon et d'avoir bon goût, la Verveine citronnée possède des vertus intéressantes pour le bien-être, que ce soit en tisane, en huile essentielle ou en hydrolat. C'est ce que j'aimerai explorer avec vous dans la suite de mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

mercredi 10 octobre 2012

La Verveine officinale, une plante guérisseuse


Les vertus thérapeutiques de la Verveine officinale sont connues depuis longtemps puisque des écrits romains relatent son utilisation par les Celtes. 

Ses propriétés vulnéraires et résolutives ont été mises en avant dans le temps pour le traitement des plaies, des ecchymoses, des entorses et même de la cellulite, grâce à des cataplasmes de la plante ou des applications de compresses imbibées d'une décoction (voir ci-dessous la recette de la décoction). Pour les cataplasmes, chacun avait sa formule maison. Ainsi, un habitant des "basses-Alpes" préparait-il pour soigner les coups, bleus et foulures un emplâtre constitué d'un mélange de Verveine officinale hachée avec du saindoux (courant dans les campagnes de l'époque) auxquels il est possible d'ajouter une feuille de choux. 

La Verveine officinale a bien d'autres propriétés décrites (tonique, digestive, anti-névralgique, fébrifuge, ...) et elle était utilisée pour de nombreuses affections (une panacée). A notre époque, elle n'est plus trop demandée, peut-être à tort. En raison de sa forte teneur en verbénaline, c'est surtout pour la sphère digestive que cette plante est prescrite de nos jours. Elle pourra être utile dans les cas de digestion difficile et son cortège de maux variés comme douleurs gastriques, migraines et somnolences. En raison de ces propriétés ocytociques, cette plante n'est pas recommandée aux femmes enceintes. L'herboriste Marie-Antoinette Mulot préconisait de l'utiliser en décoction, à prendre à raison de 4 tasses par jour en dehors des repas. Vous préparerez cette décoction de Verveine officinale en mettant 50 g de plantes sèches à tremper dans un litre d'eau froide pendant 10 minutes, puis vous ferez bouillir pendant 10 minutes, ensuite vous ferez infuser hors du feu et à couvert pendant 10 minutes, à conserver dans un thermos et pas au-delà de la journée. Vous ne serez peut-être pas séduit par le goût de cette tisane qui garde un caractère rustique.

Sous une forme plus agréable pour le goût, vous pourrez retrouver la Verveine officinale dans un élixir agissant sur la digestion, à la fois vivifiant et apaisant, encore distribué dans le commerce. En effet elle entre, avec une trentaine d'autres plantes, dans la composition de "l'Arquebuse de l'Hermitage" dont la recette a été établie au milieu du XIXè siècle par le frère Emmanuel de la congrégation des Maristes de Saint-Genis Laval, près de Givors (69).

Cette Verveine officinale est l'occasion de vous parler du Docteur Edward Bach et de ses élixirs floraux (rien à voir avec l'élixir ci-dessus !). Edward Bach (1886-1936), médecin anglais hors normes, persuadé de l'influence des facteurs psychiques dans le déroulement des maladies, eut à coeur de contribuer à faire sortir "l'art de guérir" du domaine strictement physique pour aller vers une thérapie spirituelle et mentale. Ainsi, il découvrit des correspondances entre certaines plantes et des états émotionnels et mentaux (= des états d'âmes).  Les élixirs floraux qu'il mis au point ont pour objectif de faire trouver ou retrouver l'harmonie de l'âme. Avec les élixirs floraux, l'individu va être aidé à dépasser les aspects négatifs de ses ressentis pour se recentrer sur une position positive lui permettant de libérer ses potentiels. C'est une réponse aux "bleus de l'âme", dus aux désagréments du quotidien comme aux situations de crise et qui convient à tous les âges de la vie.

La Verveine officinale fait partie des "plantes guérisseuses" du Dr Bach. L'élixir  floral "Vervain" est en lien avec l'état d'âme potentiel de l'enthousiasme. Dans l'état négatif, on exagère l'enthousiasme et on gaspille son énergie en exaltation superflue, en excitation et suractivité. Tourné vers l'extérieur, on cherche à convaincre à tout prix son entourage de ses convictions, voire à forcer les autres au bonheur.  A la longue, cette dépense exagérée d'énergie épuise l'organisme (ainsi que son entourage !). On devient nerveux, tendu, irrité, dès que les choses n'avancent pas comme prévu. On se force à continuer même si les limites sont atteintes. On aboutit à un surmenage physique par excès de zèle. L'élixir floral "Vervain" va permettre de lâcher-prise, de retrouver la juste mesure dans ses activités, d'accorder aux autres leur espace et d'avoir une attitude plus détendue. Mieux centré, plus à l'écoute de ses besoins et du coup sans effort démesuré, on pourra alors mettre l'immense énergie de l'enthousiasme au service d'une cause valable dans un esprit  d'ouverture.

C'est donc avec un bel enthousiasme, que j'aimerai vous conter, dans la suite de mon article, la cousine exotique de notre Verveine, la Verveine citronnée.


Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 7 octobre 2012

A la découverte de la Verveine




« Ma lyre n’a plus que des chants d’Amour.
Esclaves, posez sur un autel de vert gazon, la verveine… »
                                                                      Horace

Quel bonheur pour un dictionnaire Z'amoureux, d'aborder une plante célèbre des philtres d'amours : la Verveine !

La formule la plus simple qui circule dans les recueils de secrets médiévaux est la suivante : "Oindre ses mains de jus de Verveine et toucher la personne dont on veut être aimé". Dans une autre recette, après un rituel de cueillette complexe, la préparation d'une poudre de Verveine s'accompagne d'une "conjuration pour se faire aimer" : "Je te conjure aux noms de Vénus et de Cupidon, du soleil et de la lune que celle de toi je toucherai ne puisse nul autre aimer que moi et m'aime comme toi-même." Doit-on conclure de cette formule que la Verveine aime la personne qui l'a cueillie et transfère son amour à l'homme ou la femme désiré(e) ?

Une telle puissance mérite que l'on prenne des précautions. On ne badine pas avec la Verveine ! Sa cueillette s'effectuera donc en suivant des consignes diverses dont voici un aperçu : la  cueillir de nuit ou à l'aurore, au bon moment de lunaison, marcher à reculons pour s'approcher de la plante (moyen d'accéder à l'envers du visible), tracer un cercle avec un anneau d'or (ce qui va empêcher la force du végétal de s'échapper), ne pas regarder la racine de la Verveine que l'on vient d'arracher (car le regard expose l'âme à l'emprise des mondes obscurs), prononcer des incantations (pour que la plante accepte de mettre ses vertus au service du cueilleur), déposer une offrande en lieu et place de la plante ramassée (afin d'amadouer les grandes divinités de la terre et de la végétation).

Tous ces rituels  témoignent d'une conception du monde qui place la relation de l'humain et de la nature sur un plan symbolique et magique, et non pas seulement utilitaire comme nos "gros egos" nous y encouragent !  Mais la Verveine est considérée comme une plante sacrée depuis bien plus longtemps encore.

En effet, cette plante tire son nom du latin "verbenae", qui désignait les rameaux des plantes sacrées utilisés chez les Romains. Cette Verbena tenait une place importante dans les cultes et les pratiques sociales. Ainsi, elle servait aux lustrations des autels dédiés à Jupiter. Les ambassadeurs de paix qui la portaient en couronne étaient appelés verbenarii.

Et pourtant, cette plante inodore ne paye pas de mine. Je parle bien sûr de la Verveine officinale (Verbena officinalis , famille des Verbénacées) et non de l'odorante Verveine citronnée (Lippia citriodora, de la même famille) que je vous présenterai un peu plus loin. A fin septembre, j'en ai ramassé quelques brins qui profitaient de la douceur du mois pour oser fleurir encore sur le bord d'une voie piétonne. 


C'est une plante vivace, dont la hauteur varie entre 30 et 80 cm, d'allure grêle et pourtant solide avec ses tiges quadrangulaires creusées d'un sillon sur deux faces opposées. Ses feuilles composées ont une forme particulière, avec des folioles de tailles différentes. Ses fleurs mauves pâles avec une corolle en tube qui se termine en 5 lobes arrondis inégaux, se groupent en épis pour faire oublier leur petite taille.

Déjà les Celtes utilisaient ses vertus thérapeutiques. C'est ces vertus que j'aimerai vous présenter dans la suite de mon article.


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Philomènement vôtre.