mercredi 9 octobre 2013

Saveur Lavande



"J'ai pour joie et pour merveille  de voir... 
Trembler au poids d'une abeille 
Un brin de lavande en fleur" - Victor Hugo

Commençons par un classique : le miel de Lavande. Qui n'a pas goûté au miel de Lavande de l'année, qui coule en nectar doré et parfumé sur un morceau de pain, le transcendant dans l'instant en douce pâtisserie, ne connaît pas vraiment la Provence ! Pour le produire, soit l'Apiculteur a la chance d'habiter vers des champs de Lavande, soit il va opérer une transhumance de ses ruches jusqu'à ces fameux champs, au moment de leur floraison. Au bout du bout, il obtiendra un miel délicat et savoureux, intensément sucré, peu acide, sans aucune pointe d'amertume, aux arômes floraux et fruités qui rappellent l’amande douce et un parfum de paille de lavande sèche, long en bouche. Huuuuuuuuum ! Miam ! Le miel de lavande entre dans la composition des fameux nougats de Montélimar. 

Fidèle à ma tradition, je vous livre maintenant des recettes simplissimes à base de Lavande, juste histoire de vous ouvrir des horizons où vos papilles pourront aller gambader en compagnie de saveurs surprenantes ...

Donc, que faire avec des fleurs de Lavande, sachant qu'il vous faudra vérifier qu'il s'agit bien de la "vraie" Lavande, soit Lavandula angustifolia. Si vous n'en avez pas dans votre jardin, vous pourrez trouvez des fleurs séchées dans les épiceries fines ou dans les rayons des herboristeries.



Pour les paresseux qui souhaitent bluffer leurs amis à l'apéro, j'ai sélectionné le "Crottin de Chavignol aux amandes et à la Lavande". Pour 4 Crottins, vous hacherez 12 amandes émondées, que vous mélangerez aux fleurs issues de 4 brins de Lavande vraie, Vous passerez les crottins dans de l'huile d'Olive puis vous les roulerez dans le mélange amandes-Lavande. Et voilà, il n'y a plus qu'à les dresser sur de jolies tranches de pain.



Ultra-facile aussi, le "Beurre à la Lavande" qui va apporter un peu de nouveauté aux côtes d'agneau. Pour 8 côtes d'agneau : dans un saladier, travaillez à la fourchette 80 g de beurre (sorti du réfrigérateur une demi-heure avant pour qu'il ramollisse) jusqu'à obtenir la consistance d'une pommade. Puis incorporez 1 cuillerée à soupe de fleurs de Lavande séchées, en mélangeant soigneusement. Roulez le beurre obtenu dans une feuille de film alimentaire de manière à former un rouleau. Réservez au froid. Au moment de servir les côtes d'agneau cuites à point , placez sur chacune une rondelle de beurre à la Lavande. Dégustez aussitôt.



Côté dessert, restons classique avec une petite crème aux oeufs mais bien sûr ........."la petite crème à la Lavande" ! Pour cela, vous chauffez 25 cl de lait avec une cuillerée à soupe de fleurs de Lavande séchées, dès ébullition vous retirez du feu et laissez infuser pendant 10 minutes puis filtrez pour éliminer les fleurs. Dans un saladier vous mélangez au fouet 4 jaunes d’œufs et 40 grammes de sucre en poudre jusqu'à ce que le mélange blanchisse, puis vous incorporez 33 cl de crème fraîche liquide et le lait aromatisé à la Lavande. Il ne vous reste plus qu'à verser cet appareil dans des petits ramequins et de laisser cuire le tout au four, au bain-marie à 150°C, pendant 30 minutes environ. A déguster bien refroidi.



Et pour le goûter des enfants, voici de délicats "Biscuits à la Lavande". Prenez un saladier (ou un cul de poule pour les mieux lotis) et mélangez 150 grammes de farine, 60 grammes de sucre, 30 grammes de poudre d'amande et 1 cuillerée à soupe de fleurs de Lavande séchées, puis ajoutez un œuf et 90 grammes de beurre demi-sel ramolli et pétrissez jusqu'à obtenir une boule de pâte homogène. Enveloppez-la dans du film alimentaire et laissez-la reposer 2 heures au réfrigérateur. Abaissez la pâte au rouleau à pâtisserie puis découpez les sablés avec un emporte-pièce. Enfournez à four chauffé à 180°C pendant 15 minutes environ (surveillez pour éviter les surprises) et voilà !

Et pour finir, je vous laisse faire un tour sur le site de "Bleu d'Argens" pour la recette des "P'tits bleus de Véronique", de délicieux gâteaux pour lesquels vous utiliserez de l'huile essentielle de Lavande (Lavandula angustifolia), dont vous aurez bien vérifié la provenance. 


Après cette tournée de gourmandise, c'est le moment d'aborder les vertus médicinales de la Lavande, alors ....

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 6 octobre 2013

Un alambic dans les collines



"Dans les solitudes de la montagne de Lure, la lavande sauvage s'étale à perte de vue. A l'époque de la récolte les soirs embaument, les couleurs du couchant sont des litières de fleurs coupées, les alambics rudimentaires installés près des citernes soufflent des flammes rouges dans la nuit; leurs fumées à odeur de caramel teintée par le vent vont enchanter le sommeil des solitaires dans le désert." - Jean Giono.



La Lavande fait partie de l'économie rurale des zones de montagnes sèches de la Provence depuis plusieurs siècles. Ainsi, en 1770, le Parlement de Provence réglementa la coupe et la transformation de la Lavande afin de préserver cette richesse locale. Il est vrai que la Lavande n'est pas tombée de la dernière pluie, les Romains l'employaient dans leurs bains et son nom s'inspire en ligne droite du latin "lavare" (= laver). Son sillage parfumé était très apprécié au moyen-âge pour combattre les miasmes des maladies.

Traditionnellement, le ramassage de la Lavande sauvage se fait à la faucille et seule la hampe florale est récoltée, l'essence se situant surtout au niveau du calice des fleurs. Raymond Challan, parfumeur-créateur (on lui doit  Anaïs-Anaïs, Opium, etc.) raconte ainsi ses souvenirs d'enfance dans les environs de Barrême : "Le long des chemins aussi, partout dans les vallons, au bord des sentiers, à la lisière des forêts de pins, dans les clairières, les adrets, les ubacs, les rocailles, dans les «robines» (formations géologiques de la région) même, les lavandes sauvages poussaient, que les gamins de mon âge, faucille à la main et sac au dos, allions dès l’aube «peler» (terme bas-alpin signifiant couper à la faucille) allègrement avec la gaieté et l’excitation des enfants. Et quel bonheur de déverser sur les grands andains alignés dans la cour de la distillerie, nos sacs bourrés, descendus sur le dos tout au long des sentiers pierreux, en fin de matinée, sous un soleil de plomb, et de boire à grandes gorgées, enfin, l’eau fraîche de la fontaine."

Les cultures de Lavande sont apparues au début du 20e siècle pour répondre notamment à la forte demande de Grasse, capitale mondiale de la parfumerie. La technique du bouturage a été adoptée à cette époque, conduisant aux Lavandes clonales, pour la Lavandula angustifolia, le clone Maillette est le plus répandu. Mais il reste encore des cultures de Lavandes dites de population, dont les plants issus de graines sont tous différents les uns des autres. C'est d'ailleurs une des conditions pour obtenir l'AOP (ex AOC) Haute-Provence pour l'huile essentielle de Lavande. Les autres critères étant le lieu géographique, l'altitude (au-dessus de 800 mètres), la qualité de sa composition et ses qualités olfactives.


Messieurs, sachez-le : la Lavande est "le" parfum masculin par excellence. Elle est employée dans 90% des parfums pour hommes. C'est en 1882, avec le parfum "Fougère Royale" de Houbigant que fut créée sur base de Lavande une nouvelle famille olfactive : la fougère, qui servit à composer de nombreux parfums masculins. Depuis, de nouveaux accords ont été créés autour de la Lavande.  « La lavande, c'est un peu comme la couleur noire dans la mode : on ne s'en lasse pas », confirme le parfumeur Francis Kurkdjian. Ainsi, dans "Le Mâle" de JP Gaultier, il verse un sirop de menthe sur l'essence de lavande.


Mais la façon la plus émouvante de rencontrer le parfum de la Lavande est d'assister à une distillation traditionnelle. Et justement, cela fait partie des plaisirs faciles à s'accorder. Il reste encore des entreprises familiales qui aiment partager leur savoir-faire, avec le sourire en prime. Je vous laisse en rencontrer une dans une petite vidéo, sur le lien suivant  "Distillerie du Siron" .


Une fois que la vapeur d'eau aura traversé les fleurs de la Lavande, tant (il faut compter environ 150 kg pour 1 kg d'huile essentielle) et temps (il faut compter jusqu'à 2h30 pour en extraire l'ensemble des composants), vous disposerez d'une véritable petite magie en flacon. En effet l'huile essentielle de Lavandula angustifolia, de par sa composition saura vous apportez soin et bien-être avec ses propriétés rééquilibrantes et apaisantes, anti-inflammatoires, cicatrisantes, et j'en passe.




Mais avant de vous en dévoiler tous les secrets, j'aimerai faire un tour aux cuisines où la saveur Lavande pourra tenir une place enjouée.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 2 octobre 2013

A la découverte de la Lavande



"Ici la lavande embaume ciel et terre, 
elle se joue de l'ombre et de la lumière" - Jean Giono.


C'est peut-être bien la Lavande qui a guidé mes pas jusqu'à ce pays entre Alpes et Provence. Je l'ai découverte ici dans sa vraie nature sauvage et secrète, toute parée du bruissement des insectes et des voltiges des papillons, avec en cadeau suprême, son parfum si frais et si subtil qu'on en reste ravi longtemps après avoir égrené quelques unes de ses fleurettes du bout des doigts. Et comme l'écrit si bien Jean Giono : "Il suffit ensuite d'un bouquet de lavande pour qu'il vous soit parlé - et en langage d'une étrange intensité - de ces libertés essentielles qui sont le charme de ces hautes terres."


Lavandula angustifolia

Je parle là de la Lavande vraie, dite aussi Lavande officinale ou Lavande fine (Lavandula angustifolia), cet arbrisseau qui se grise de la poussière des terrains caillouteux où il prend racine, là-haut entre 600 mètres et 1 800 mètres d'altitude, et qui pointe au ciel des tiges raides garnies de feuilles étroites, avec en bout un épi unique de petites fleurs d'un mauve violacé. Cette Lavande supporte sans se plaindre le feu du soleil d'été et résiste vaillamment au gel de l'hiver. La finesse et la subtilité de son parfum en a fait la renommée. Il existe même une AOC Haute-Provence pour son huile essentielle. Sans compter qu'il s'agit-là d'une merveilleuse plante médicinale dont je vous présenterai les vertus généreuses.

Cette Lavande vraie a une proche cousine, plus frileuse, qui préfère des terres plus basses (entre 200 et 700 mètres d'altitude) : la Lavande aspic (Lavandula latifolia). On la reconnaît à ses feuilles un peu plus larges et à ses tiges ramifiées. Son odeur est plus camphrée.

C'est par hybridation naturelle entre la Lavande aspic et la Lavande vraie, que s'obtient le Lavandin, qui possède des épis et des fleurs plus gros. Parmi les clones cultivés on peut distinguer plusieurs variétés comme le Lavandin abrial, le super, le grosso. Le parfum du Lavandin n'est pas du tout le même que celui de la Lavande fine, plus puissant, il est utilisé essentiellement pour la parfumerie industrielle.


Largement cultivé en raison de son fort rendement, c'est surtout le Lavandin qui moutonne en extraordinaires rondeurs violettes gorgées d'abeilles sur les photos souvenirs des fameux champs de Lavande de Provence.  Mais peu importe la précision botanique lorsqu'il est question de rêve ! Il parait d'ailleurs que depuis qu'un téléfilm romantique chinois à succès a été tourné en Provence et en particulier sur le plateau de Valensole, les Chinois ont un rapport affectif avec la Lavande et sa Provence qui viennent concurrencer Paris et sa tour Eiffel dans les destinations convoitées !


Et si vous souhaitez rapprocher la Provence de votre chez-vous, bien que les Lavandes soient des plantes méditerranéennes, vous trouverez dans le commerce de nombreuses variétés qui sauront s'acclimater dans votre jardinet de Paris ("Paris" qui, pour les gens d'ici, recouvre toutes les régions de France se situant au nord de Valence dans une géographie dignement anamorphosée). Plantée au pied d'un rosier, la Lavande a d'ailleurs la réputation de limiter les invasions d'indésirables tels les pucerons. Vous pouvez même la planter en pot et elle embaumera sans souci vos terrasses d'un parfum de soleil. Un conseil, tailler la tous les ans au risque de la voir pousser trop rapidement en bois.


La Lavande partage son parfum avec générosité. Ainsi, quelques sachets de mousselines remplies de ses fleurs séchées suffiront à apporter du frais dans vos armoires. Sans compter que cela pourra éloigner les mites.

Si vous avez quelque patience et la possibilité d'avoir une petite brassée de tiges fleuries fraîches, vous pourrez confectionner des "fuseaux de Lavande" à placer à foison dans votre maison. Il vous faudra pour confectionner un petit fuseau un ruban de tissu de 3 millimètres de large et 23 brins de Lavande. Vous réunirez les brins en nouant le ruban juste sous les fleurs.
Tout en délicatesse pour ne pas les casser, vous rabattez les tiges une par une, au niveau du lien, autour des fleurs. Commencez ensuite à tresser un brin du ruban en le passant successivement au-dessus et au-dessous de chaque tige. Comme le nombre de tiges est impair, le tressage se poursuivra naturellement en alternance jusqu'à ce que votre fuseau ait pris allure. Terminez en enroulant un peu le ruban autour des tiges restées nues et en nouant une boucle pour pouvoir suspendre votre fuseau.




Puisque la renommée de la Lavande vient de son parfum, j'aimerai maintenant m'approcher des vapeurs odorantes qui s'échappent des alambics des collines.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 18 septembre 2013

Il faut longtemps pour devenir jeune



Dans le beurre de karité, il y a du gras, plus précisément des acides gras : entre 40 à 60 % d'acide oléique (comme dans l'huile d'olive), mais aussi de l'acide stéarique , de l'acide linolénique, de l'acide palmitique, de l'acide linoléique, etc. On y trouve également des vitamines liposolubles A et E. Mais surtout, dans le beurre de Karité, il y a une partie insaponifiable (5 à 8 % en moyenne). On appelle ainsi des substances qui ne réagissent pas sous l'effet d'une solution alcaline telle que la soude ou la potasse, comme c'est le cas des corps gras (principe de la fabrication du savon). Ce sont ces composants (amyrine, parkéol, lupéol, butyruspermol, ester cinnamique, karitène, et autres noms charmants) qui lui confèrent des propriétés particulières pour la peau : cicatrisante, régénérante, légèrement désinfectante, anti-inflammatoire, etc. 

Le beurre de Karité sera efficace pour le soin des dermites sèches, notamment les eczémas, mais aussi sur les crevasses et les gerçures et  de nombreux autres bobos.

Voici la recette d'un baume réparateur que vous appliquerez sur les zones touchées 2 fois par jour et jusqu'à l'amélioration. Vous mettrez au fond d'un petit mortier 6 grammes de talc (argile blanche), vous ajouterez une cuillerée à café d'alcool dans laquelle vous aurez mis 6 gouttes d'huile essentielle de Géranium rosat, 6 gouttes d'huile essentielle de Tea tree (Melaleuca alternifolia), 20 gouttes de Lavande fine (Lavandula angustifolia), vous mélangerez bien au pilon, puis vous ajouterez 20 grammes de beurre de Karité en remuant bien, puis progressivement vous verserez 1 ml d'huile au calendula, 1 ml d'huile au millepertuis, 1 ml d'huile d'amande douce, toujours en mélangeant avec le pilon. Cela donne une pâte que vous conserverez dans un petit pot hermétique.


Pour vos soins de beauté quotidiens, le beurre de Karité va être un allié de choix. Tout de douceur et de protection pour votre peau, il sera utile pour prévenir le vieillissement cutané. Depuis la tête jusqu'au bout des pieds, usez et abusez-en.


En plus, il est facile à utiliser car il suffit de déposer une petite quantité de beurre de Karité dans le creux de votre main. Avec votre index, réchauffez le beurre en le travaillant afin de le liquéfier. Il est alors prêt pour être étendu à l'endroit désiré. N'hésitez pas à l'étaler généreusement.

Pour les mains agressées par l'hiver et les pieds archi-secs, utilisez le beurre de Karité pur, surtout en soin de nuit. Pour une crème de corps, mélangez-le avec une bonne huile végétale de votre choix (abricot, noisette, argan, etc.) à raison d'une cuillerée à café de beurre de Karité pour 2 cuillerées à café d'huile végétale. Pour une crème visage de nuit, vous ajouterez 1/2 cuillère à café de beurre de Karité pour 2 cuillères à café d'huile végétale (amande douce, jojoba, onagre, etc.)

Comme ce beurre de Karité est solide à température ambiante, c'est un régal de préparer des cosmétiques pratiques à utiliser. 


Ainsi, pour préparer un Baume à lèvres, vous ferez chauffer dans un bol au bain-marie 7 ml d'huile d'olive, 1 cuillerée à café de beurre de Karité, 1/2 cuillerée à café de cire d'abeille (vous en trouverez en petites pastilles dans le commerce), remuez bien jusqu'à ce que tout soit fondu, ajoutez 1/2 cuillerée à café de miel liquide, mélangez puis versez dans un petit pot hermétique. Appliquez ce baume autant que de besoin !

Le beurre de Karité saura aussi être utile pour vos cheveux, essentiellement en masque. Il gaine la tige capillaire, permet aux cheveux de rétablir leur film lipidique de protection et renforce la cohésion des écailles du cheveu. Il est plus particulièrement adapté aux cheveux épais avec une frisure de type 3B et plus. A éviter en revanche pour les cheveux fins ou alors en petite quantité, et dilué dans une huile capillaire avant de l'appliquer.

Pour fabriquer un masque revitalisant pour cheveux secs, vous écraserez dans un mortier 45 grammes de beurre de Karité pour le réduire en pommade, vous ajouterez tout doucement en filet et en remuant 10 ml d'huile d'argan et 10 ml d'huile de coco, une fois le mélange bien crémeux ajoutez 20 gouttes d'huile essentielle de Lavande fine. Vous appliquerez une petite noisette de ce soin en le répartissant bien de la mi-longueur des cheveux jusqu'à la pointe. Vous laisserez poser une vingtaine de minutes avant de laver les cheveux.



Tout en prenant soin de vous, n'oubliez pas d'avoir une pensée de gratitude envers celles qui sont à l'origine de ce fameux beurre de Karité. Et pour terminer mon Z'article Z'amoureux sur le Karité, je lui accroche en apostrophe la déclamation suivante :



"Le sourire est parfois la forme la plus aimable du courage."


Et pour la lettre "L" qui va me permettre de boucler mon dictionnaire Z'amoureux des plantes, j'aurai l'honneur et l'avantage de vous présenter la Lavande.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 15 septembre 2013

Mais que vient faire ici le chocolat ?


Mais que vient faire le chocolat dans un article sur le Karité ?

C'est que le commerce international autour du Karité, qui s'est développé depuis la fin du XIXe siècle, est basé principalement sur l’exportation des amandes de karité dont le traitement, par procédé industriel et chimique en Europe, permet d’obtenir un beurre raffiné, destiné à l’industrie agroalimentaire. Et oui, en Europe nous ne possédons pas de matières grasses d'origine végétale qui soient solides à température ambiante. Et donc le beurre de Karité fait partie de ces fameuses "matières grasses végétales" venues d'ailleurs que vous retrouvez dans de nombreuses préparations : margarine, biscuiteries, ... et aussi pourquoi pas dans le chocolat ! 

En effet, dans l'industrie du chocolat, la réglementation européenne autorise certaines matières grasses végétales (karité mais aussi huile de palme, coprah, etc.) dans la limite de 5%, en substitut du beurre de cacao. La DGCCRF (= Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a réalisé une enquête à ce sujet en décembre 2012  sur le territoire français. De façon générale, l’enquête a montré que le recours aux matières grasses de substitution n’est pas fréquent (7,5 % des prélèvements). Ce faible taux peut s’expliquer par l’habitude bien ancrée chez le consommateur français de privilégier le chocolat pur beurre de cacao, habitude susceptible de dissuader les opérateurs d’utiliser d’autres produits.


Une recette de "la bulle de titelle"
Pour ceux qui aime faire des expériences culinaires, voici une recette toute simple publiée sur le blog "la bulle de titelle" : Pour réaliser de fondantes (mais pas trop) "Barres de chocolat blanc/karité/fruits rouges", faites fondre au bain-marie 100 g de chocolat blanc cassé en morceaux et 10 g de beurre de karité (de qualité alimentaire). Puis coupez en petits morceaux des framboises et des cranberries séchées et disposez-les au fond de moules en silicones. Versez dessus le mélange chocolat/karité fondu. Mettez au frais et patientez un peu avant de déguster. D'après leur créatrice : "La barre est gourmande et crémeuse, on sent le goût du karité en fond de bouche et l'association aux fruits rouges est divine." 

Comme il y a de fortes chances que ce soit surtout dans votre salle de bain que vous fréquenterez le beurre de Karité, je ne résiste pas à proposer aux nombreux fans de chocolat de faire un tour sur le blog de "Sophie au naturel" pour découvrir une recette de "savon vanille-chocolat enrichi au beurre de Karité". Aaaah ! C'qu'on est bien quand on est dans son bain !



Mais au-delà de ces fantaisies, le beurre de Karité a une composition qui le rend très précieux pour la peau. Sa texture onctueuse permet de réaliser facilement des soins et des cosmétiques maison. C'est ce que j'aimerai partager avec vous dans la suite de mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

mercredi 11 septembre 2013

Le supplément d'âme du Karité


"J'aurais pu me contenter de fournir ma palette avec un tube d'ocre rouge et quelques teintes de vert tant il est vrai que le spectre chromatique de la région de Toussiana (Burkina Faso) se résume à ces deux couleurs. Mais cela aurait été sans compter avec les parures multicolores des femmes, car l'histoire du karité et des Hommes, aussi loin que l'on se souvienne, est avant tout une histoire de femmes. Pourquoi ? Tout simplement parce que le processus de transformation traditionnel de la noix en beurre est particulièrement épuisant et fastidieux. Les femmes vendaient alors sur les marchés le surplus de leur récolte et de leur dur labeur (… de karité !). L'une des rares opportunités d'amasser un petit pécule personnel, mais si maigre que leurs compagnons leur avaient généreusement accordé ce monopole.»
Titouan LAMAZOU 

Aussi loin que l'on se souvienne, le Karité est une affaire de femmes, "l'or des femmes" comme on le désigne parfois. Cela reste vrai de nos jours.

Traditionnellement, ce sont Elles qui en assurent la cueillette et toute la transformation. Cela pourrait être un fait de société comme l'expose Titouan Lamazou dans son carnet de voyage au pays du Karité. Cela pourrait être un lien spirituel sacré comme l'explique certains. Selon eux, la Femme comme l'arbre de Karité sont naturellement dotés de l'énergie vitale qui leur permet notamment de donner vie. Aussi seules les femmes africaines peuvent approcher l'arbre de karité et recevoir son énergie. Et c'est également leur connaissance séculaire qui permet que cette énergie vitale soit conservée tout au long de la transformation jusqu'au cœur du beurre de Karité. Je vous laisse choisir ou combiner ensemble ces deux points de vue.

Les méthodes traditionnelles de production du beurre de Karité nécessitent de la part de ces femmes un savoir-faire remarquable ainsi qu'une bonne dose de courage. En voici les étapes principales.


Cela commence par la collecte des fruits du Karité dans les champs et la brousse et leur dépulpage. Les noix sont mises à sécher en plein air jusqu'au décollement de l'amande à l'intérieur.


Les noix sont concassées pour en extraire l'amande. Les amandes sont triées afin de ne conserver que les amandes saines qui seront lavées et débarrassées de leur "peau".


Les amandes sont broyées et moulues en poudre (parfois torréfiées), ce qui a pour effet de casser les cellules oléifères.


On obtient une pâte épaisse de couleur brune qui est malaxée et pétrie à la main...







...Ce barattage se poursuit en ajoutant progressivement de l'eau jusqu'à que la matière grasse coagulée sorte et se sépare de l'eau. 

La matière grasse qui coagule et flotte en surface est recueillie et lavée plusieurs fois afin d'éliminer les résidus non désirés et qu'elle blanchisse progressivement.



Cette matière grasse est mise à chauffer ce qui permet l'évaporation de l'eau puis laissée à décanter. Les impuretés qui surnagent sont enlevées. Un filtrage permet d'enlever les dernières impuretés. En refroidissant, cette huile se solidifie ...



Le beurre de Karité est né !


Bien sûr, la tradition de maintenant n'est plus la tradition d'avant.

Les femmes réunies en coopératives savent faire évoluer leurs méthodes et s'équiper de matériel facilitant leur travail tout en restant fidèles à la qualité, encore faut-il qu'on leur en donne les moyens. Car malgré l'émergence d'un commerce équitable, l'aide de fondations aux initiatives locales, le désir d'authenticité et de relations éthiques qui ont conduit certaines entreprises à s'impliquer dans l'achat direct du beurre de Karité aux productrices, il reste souvent loin "du beurre" à "l'argent du beurre".

Il faut dire, que bien avant que l'industrie cosmétique ne s'éveille au Karité, un autre commerce international s'était mis en place autour du Karité. Et surprise, surprise : "la plupart des noix de karité ne sont pas utilisées pour fabriquer des produits de beauté naturels, aussi merveilleux qu’ils soient ; elles sont utilisées pour fabriquer de l’huile végétale qui finit dans les aliments."

C'est ce que nous allons découvrir dans la suite de mon article sur le Karité.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

 

dimanche 8 septembre 2013

A la découverte du Karité



"Le jour de grand vent, on mange les fruits du grand Karité"
proverbe malien

A la faveur de la lettre K de mon dictionnaire Z'amoureux des plantes, me voilà de nouveau en voyage. Je vous emmène au pays natal du Karité.

C'est qu'avant de devenir cette crème onctueuse avec laquelle vous oigniez avec bonheur vos épidermes stressés, le Karité est un bien bel arbre qui pousse à l'état spontané dans les savanes arborées des pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre.




Le nom « karité » signifie « arbre à beurre » en Wolof. Pour les botanistes, il s'agit du Vitellaria paradoxa  (ancienne dénomination : Butyrospermum parkii) de la famille des Sapotacées. 


Cet arbre peut mesurer de 10 à 15 mètres de haut. Son fruit ovoïde, de couleur vert sombre à brun, mesurant entre quatre et huit centimètres de long, est charnu et ressemble à un petit avocat. Sa pulpe est comestible. Il renferme une graine, appelée souvent amande, entourée d'une coque mince. C'est de cette amande que l'on obtient le beurre de Karité.


C'est un arbre qui sait prendre son temps. Il peut vivre 2 à 3 siècles. Le Karité n'atteint l'âge adulte que vers 30 ans où il pourra produire 20 kg de fruits. Avec 20 kg de fruits on obtient environ 5 kg d'amandes sèches qui donneront moins d'1 kg de beurre de karité. La patience est donc aussi demandée du côté des humains !

Traditionnellement en Afrique, ce beurre de Karité est utilisé en cuisine, toujours cuit, pour les sauces et les fritures. Il est surtout utilisé en cosmétique pour les soins de la peau (pour lutter contre la déshydradation et la desquamation) et aussi l'entretien des cheveux (masques capillaires et fixation des coiffures). 

La composition de ce beurre de Karité lui donne de superbes propriétés pour la peau. Propriétés que nos chantres publicistes de tout poil propagent sur tous les tons pour capter notre attention et pourquoi pas attirer nos porte-monnaies.

Mais en tout bien, tout honneur, allons tout d'abord à la rencontre de ceux-là et surtout de celles-là qui cueillent et transforment les amandes de Karité pour en faire ce beurre extraordinaire.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 1 septembre 2013

Quand le sac à patates fait mode


Il ne faudrait pas voir dans le Jute une fibre naturelle qui a fait son temps et dont on ne garde qu'un vague souvenir au parfum poussiéreux. Le Jute peut avoir mille façons de rentrer dans notre quotidien.

Ainsi, si vous avez l'esprit campagne, vous ne résisterez pas aux tendances déco-jute pour votre maison : table juponnée d'un carré de jute, cache-pot rigolo, rideau qui fleure bon la nature, marque-porte brodé au point de croix et autres petites déco faites main, ... 


La casquette de l'été en toile de Jute

Par ailleurs, le Jute peut vous habiller de la tête ...


Espadrille basque à la semelle en tresse de Jute
 au pied !












Et oui, le Jute a même été terriblement "fashion" lors du défilé de Milan, dans la collection de prêt-à-porter printemps-été 2013 de Dolce & Gabbana, des créateurs toujours aussi amoureux de leur Sicile ! "Sicilia, Mare sole Amor" !



Et pour répondre aux volontés de notre époque de limiter les impacts environnementaux, le Jute est un matériau idéal pour un emploi comme géotextile. Ainsi les montagnes qui s'éboulent, les rives qui s'effritent, les collines qui s'érodent, n'ont qu'à bien se tenir : emmaillotées de toile de Jute, elles pourront patienter jusqu'à ce que la végétation ait repris ses droits retenant le rocher baladeur, la terre vagabonde, l'humus boudeur. Et comme ce Jute-là est entièrement biodégradable, cela fait de lui un produit écologique et par la même occasion fertilisant : avec lui tout est bien qui finit bien ! Il est dommage que "l'absence de conscience adéquate et de normes semble affecter l'expansion possible du marché."

Un jeune ingénieur a décidé de secouer les consciences endormies avec un projet technique, écologique et humanitaire à la fois.


Je vous présente donc Corentin de Chatelperron et son bâteau Tara Tari, construit en fibre de jute.

Corentin de Chatelperron s'est persuadé que dans l'ingénierie navale, la fibre de verre (au bilan carbone effroyable, et qu'on ne peut pas recycler) peut être remplacée par la fibre de jute mélangée à de la résine polyester, pour lui donner une texture résistante et parfaitement étanche. Alors notre homme a mis son projet en marche en construisant un bateau, composé de fibre de jute, de résine polyester, et de matériaux récupérés sur des chantiers de destruction navale. Son projet s'est doublé d'un volet humanitaire, puisqu'il entend bien donner un espoir aux paysans du Bangladesh, qui pourraient espérer un avenir meilleur si la construction navale offrait un nouveau débouché pour leurs culture de Jute. 

Pour faire parler de son projet, il a rallié en 2010 le Bangladesh à La Ciotat, en 6 mois, traversant le Golfe du Bengale, l'Océan Indien, la Mer Rouge, et la Méditerranée. Pari tenu : il existe des alternatives écologiques à la fibre de verre, notamment le Jute !

Chacun peut à son niveau donner un coup de pouce à la Terre et à ses habitants. C'est décidé : à partir de tout de suite maintenant, vous n'utiliserez plus de sacs plastiques pour transporter vos affaires !

Ainsi vous lutterez contre l'accumulation des sacs plastiques qui errent et polluent les océans et les mers et menace sérieusement les animaux marins. Les tortues par exemple les prenant pour des méduses les mangent. Les oiseaux et les poissons avalent également des particules ou ils sont pris au piège (et mortellement asphyxiés) par le plastique. Et avant la décomposition biologique du polyéthylène (plastique), il faudra patienter 1 000 ans environ.

Pour vous aider à convaincre vos amis, voici quelques arguments en faveur de l'utilisation de sacs de jute au lieu de sacs plastique :
• Les sacs de jute sont écologiques.
• Les sacs de jute sont durables.
• Les sacs de jute sont biodégradables en un à deux ans.
• Les sacs de jute sont extrêmement solides.
• Les sacs de jute sont réutilisables.
• Les sacs de jute sont tendance et branchés!



Finalement, mon article sur le Jute a commencé par un sac et se termine dans un sac ! Aussi en tant qu'épilogue, je vous propose de méditer sur cette sagesse japonaise :

Le sac des désirs n'a pas de fond.


En suivant le fil de mon dictionnaire Z'amoureux je vais aborder maintenant "K" comme le Karité.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

mercredi 28 août 2013

Le Jute, une fibre d'or


Le Jute blanc (Corchorus capsularis) est une plante herbacée qui peut atteindre 3 à 4 mètres de haut avec une tige guère plus grosse qu'un doigt ! Ses feuilles mesurent de 10 à 15 cm de long et 5 cm de large. Ses fleurs sont de couleurs jaunes.

Près de 85% du monde de la culture du Jute est concentrée dans le delta du Gange (Inde et Bangladesh . Les semis se font entre mars et mai en fonction de la pluviométrie et du terrain. Cette plante apprécie un sol de type alluvial. La mousson lui offre un climat propice à sa croissance (chaud et humide). Le Jute est coupé au bout d'une période allant de 120 à 150 jours, au moment où la fleur commence à se faner et le fruit à se former. Les tiges sont effeuillées, les feuilles pouvant servir d'engrais.

La fibre intéressante correspond au phloème (tissu conducteur de la sève chez les végétaux) qui se trouve sous l'écorce. Elle ne représente que 6% du poids total de la plante verte. Plusieurs étapes sont nécessaires afin de la  récupérer.

Dans un ouvrage de 1950, Marthe Godfryd décrit les techniques de l'époque, qui restent celles de nombreux petits cultivateurs. 


Après la récolte, les tiges de Jute sont liées en bottes et immergés dans de l'eau stagnante ou à faible courant. C'est le rouissage. Les tiges restent immergées dans l'eau pendant environ 20 jours, jusqu'à ce que la fibre se sépare facilement de l'écorce. Ensuite, c'est l'écorçage. Les tiges sont frappées, bottes par bottes, avec un maillet de bois pour rompre l'écorce. Quand les fibres sont libérées, on les lave en les écartant en éventail afin d'enlever à la main les dernières impuretés.


Les fibres sont essorées et mises à sécher deux ou trois jours au soleil sur des tiges de bambou ou des cordes. Les reflets dorés et soyeux de la fibre de Jute lui ont valu le nom de "fibre d'or".


Une fois séchées, les fibres sont serrées et regroupées en paquets destinés à être vendus sur le marché primaire. L'écorce de son côté sert de combustible.





Du temps de l'empire britannique, au XIXe et début du XXe siècle, une grande partie de la fibre de Jute brute du Bengale était importée en Grande-Bretagne pour être traitée dans des usines concentrées à Dundee, ville du nord-est de l’Écosse à environ 100 km au nord d’Édimbourg, qui devint ainsi la ville des 3J : Jute, Jam (la fameuse marmelade d'orange), Journalism (avec le Sunday Post, notamment) !



Mais dans l'hexagone aussi, une activité autour du Jute s'est développée, ainsi dans la Somme avec en particulier les entreprises de la famille Saint.  Les frères Saint, qui installent une première usine à Flixecourt en 1857, vont édifier un véritable empire industriel, connu dans le monde entier et identifié comme "l'un des plus beaux fleurons du paternalisme en France". 

L'écrivain Hector Malot s'est inspiré de ces usines afin de préparer son roman "En famille", destiné à la jeunesse et paru en mars 1893. Ce roman raconte l'histoire d'une jeune orpheline, Perrine, qui partant de Paris à pied, gagne le village de Maracourt dans la Somme, pour y rejoindre son grand-père, Vulfran Paindavoine, un industriel qui a fait fortune dans le travail du jute. Cette ouvrage plein de bons sentiments et de valeurs morales décrit la grande industrie textile :  les techniques de transformation du jute, l'organisation des sites de production, les tensions liées à la concurrence étrangère, aux rivalités familiales, à l'ambition du personnel de direction. Si l'écrivain évoque les inégalités entre patrons et ouvriers, rien de révolutionnaire dans ses propos puisque le paternalisme y est montré comme le remède à ce qu'on appelait à l'époque la question sociale.

Si vous souhaitez en savoir un peu plus, pourquoi ne pas partir à la découverte de ce patrimoine. Vous trouverez des informations sur le site "l'industrie textile des frères Saints, vallée de la Nievre". Et n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site du photographe Mathieu Farcy qui a su capter des témoignages de ceux qui ont travaillé dans ces usines dans "une vie saint freres".


Mais le Jute ne se contente pas d'avoir une histoire, c'est une fibre naturelle dans l'air du temps. C'est ce que j'aimerai vous présenter dans la suite de mon Z'article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 25 août 2013

A la découverte du Jute


Mon arrière-grand-mère maternelle torréfiait le café. Je ne l'ai pas connue mais sa toute petite boutique est toujours là, devenue depuis une boulangerie. Dans ces époques où la majorité des gens ne s'éloignaient pas de plus de quelques kilomètres autour de leur domicile, les sacs de toile de jute contenant le café vert apportaient avec eux un parfum d'exotisme. L'Afrique et l'Amérique du Sud se faisaient plus proches tout en gardant leur mystère. Le rêve en sac, quoi.

Et il est vrai que le grand destin du jute fut ....le sac ! Sac pour le café mais aussi pour les pommes de terre et aussi pour le charbon sans parler des immenses sacs de courrier...un vrai allié de la maisonnée. Ses qualités de forte résistance à la traction, sa faible extensibilité lui ont permis de se faire une place de choix pour le stockage, l'emballage et le transports de matières très diverses. Mais nous verrons que le jute est une fibre naturelle très polyvalente et certaines utilisations  pourront vous étonner.



Le jute est extrait principalement de l’écorce du Jute blanc (Corchorus capsularis) et dans une moindre mesure du Jute tossa, appelé aussi la Corète potagère (Corchorus olitorus), plantes originaires de l'Inde orientale et de l'Afrique tropicale.

Le genre Corchorus se trouve dans la famille des Tiliacées dans la classification classique. Mais le petit monde des botanistes évoluant, un nouveau système de classification a vu le jour à la fin du XXe siècle, qui a pour ambition que le système de classification reflète au plus près les liens de parenté entre les espèces qu'elles soient actuelles ou éteintes. Cette classification dite "APG" se base donc sur l'analyse des gènes. Et voilà le genre Corchorus qui se retrouve alors rattaché à la famille des Malvacées ! Cela fait donc du Jute un lointain cousin des Mauves si fréquentes dans nos campagnes.

Mais si vous souhaitez vous faire un petit carré de Jute au fond de votre jardin, je vous arrête tout de suite. En effet, cette une plante des terres tropicales a besoin de chaleur et humidité au plus haut niveau ! Le Jute blanc (Corchorus capsularis) pousse principalement en Asie du Sud et plus particulièrement dans le delta du Gange partagé entre l’Inde (Bengale occidental) et le Bangladesh, où se concentrent entre 80% à 90% des cultures mondiales.



Le Corchorus olitorus a un autre destin. Car s'il est possible d'en tirer de la fibre de jute, cette plante est utilisée comme plante alimentaire dans de nombreux pays d'Afrique. Ce sont ses feuilles fraîches qui sont alors intéressantes. Une fois cuites, elles prennent une texture gluante très appréciée des connaisseurs (pour ceux qui seraient surpris par cette texture étrange, persévérez ou passez votre chemin !). Pour les conserver, on peut faire sécher les feuilles avant de les réduire en poudre et en assaisonner toutes sortes de plats. La "Mloukhia" (ou meloukhia) est notamment un plat traditionnel tunisien, souvent cuisiné au moment de la nouvelle année, symbolisant chance et bonne santé. Voici une recette pour 8 à 10 personnes, choisie parmi les nombreuses variantes existantes. Vous couperez en cubes 1 kg de viande de boeuf (de type joue, jarret, plat de côte) que vous ferez mariner  dans un saladier toute la nuit au réfrigérateur en compagnie de coriandre en poudre, ail en poudre, raz-el-hanout jaune, menthe séchée (1 cuillerée à soupe de chaque) et deux cuillerées d'huile d'olive. Le lendemain vous préparerez la fameuse sauce en mélangeant 1 bonne cuillerée à soupe par personne de Mloukhia en poudre dans environ 2 dl d'huile d'olive. A cela vous ajouterez progressivement et en remuant constamment de l'eau bouillante salée (jusqu'à 2 litres) en ayant soin de ne pas faire de grumeaux. Puis ajoutez 3 feuilles de laurier et laissez cuire à feu doux pendant une demi heure, tout en remuant régulièrement. Cela doit devenir bien onctueux. Ajoutez alors la viande et sa marinade, Mélangez bien et laissez cuire à feu doux pendant 1 ou 2 heures. La viande doit être parfaitement cuite et même "partir" en lambeaux. L'huile d'olive va remonter petit à petit à la surface : c'est le signe que la Mloukhia est prête à être dégustée !




Mais comment peut-on passer de la plante à la fibre de jute ? Sautons dans nos sac (de jute bien sûr !) pour une course jusqu'à la suite de mon Z'article où je vous exposerai tout cela !

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.