mercredi 15 octobre 2014

Une tête bien faite


Si vous avez suivi les recommandations pour casser une noix, vous avez obtenu deux magnifiques cerneaux blonds bilobés à la surface circonvolutionnée, évoquant vaguement des petits cerveaux. Et là, vous vous êtes pris à rêver que Dame Nature pouvait avoir semé des cailloux de similitude sur le chemin menant au déchiffrage des grand mystères de la Vie. Mais vous vous êtes très vite repris car "cogito ergo sum". Non, non, non, en bon cartésien que vous êtes, vous ne vous laisserez pas prendre aux pièges de la médecine des signatures qui prescrivait la noix pour les maux de tête ! Et pour éliminer votre migraine débutante, vous avalez vite fait un petit cachet blanc au paracétamol ...

La simple similitude de forme ou de couleur peut certes "marcher" dans certains cas. Ainsi, un lichen, la pulmonaire du Chêne (Lobaria pulmonaria), qui est un bon remède anticatarrhal, présente une analogie impressionnante avec l'aspect alvéolé des poumons. Mais réduire la théorie des signatures à ce raisonnement simpliste ne peut qu'aboutir à des mises en correspondance artificielles entre maux et remèdes présupposés. A la base, cette théorie est en fait tout un système de pensée et de conception du monde car comme le dit Pierre Lieuthagui "L'intelligence ne peut aller sans une mise en ordre des choses".


A l'origine de cette théorie des signatures, un homme célèbre mais très controversé, Paracelse (1493 - 1541). De son vrai nom, Theophraste Bombast von Hohenheim, Paracelse nacquit à Einsiedeln, en Suisse en 1493. Contemporain de Rabelais (v.1494 - 1553) et comme ce dernier, il aura une approche iconoclaste et sera volontiers provocateur. Ayant étudié la médecine dans les universités de Bâle, Vienne et Ferrare, Paracelse choisit d'apprendre à guérir en s'écartant des chemins traditionnels. Il élabore ses théories personnelles au contact de la nature, en rencontrant astrologues, guérisseurs, philosophes et alchimistes, en voyageant sur les routes d'Europe.

Il montre une autre façon de faire de la médecine, inspiré par l'étude de la nature, l'examen approfondie de la maladie et du malade, ainsi que sur la prise en compte de l'interdépendance avec l'environnement. Paracelse dénonce une médecine "des livres" qui s'éloigne du malade pour s'enfermer dans des systèmes de pensée figés. A cette époque, la médecine se définit d'ailleurs comme "la pratique de la philosophie naturelle sur le corps humain". Il est dit que Paracelse, par provocation, alla même jusqu'à brûler devant ses étudiants le "Canon de la médecine" d'Avicenne (980-1037), livre faisant référence avec les ouvrages de Galien (v.131-v.201) dans les universités de médecine de l'époque.

Pour Paracelse, la tâche du médecin consiste à s'efforcer de bien connaître les concordances, les correspondances entre les différents règnes de la nature. Paracelse a fortement critiqué les médecins qui se fondaient sur la proposition : "contraria contrariis curantur". Dans le Paragranum, il écrit : "L'axiome selon lequel les contraires guérissent les contraires, c'est-à-dire ce qui est froid expulse ce qui est chaud est entièrement faux. On doit plutôt dire : l'arcane (= le remède adéquat) et la maladie, voilà les contraires". Afin de corriger ces erreurs, Paracelse invite le médecin à raisonner suivant sa théorie des signatures ( "similia similibus curantur" = "les semblables guérissent les semblables") et à se fonder sur l'observation et sur l'expérimentation. 

Pour Paracelse, pour être "bon, utile et vrai" le remède doit être préparé sur des fondements solides. Dans le Discours de l'alchimie, troisième fondement de la médecine", Paracelse écrit : "...cette préparation des remèdes, c'est ici le souverain secret et la principale fin. A savoir qu'après que tu auras atteint la connaissance de la philosophie et astronomie, c'est-à-dire la nature des maladies et leur entière concordance, la plus grande chose et la principale conclusion, et le plus nécessaire point, est de savoir comme il te faut appliquer ce que tu fais." Afin de se distinguer de ses prédécesseurs alchimistes, Paracelse crée un nouveau terme, la "Spagyrie", afin de bien préciser l'objectif de ses expérimentations, c'est-à-dire préparer "les Elixirs capables de rendre à l'Homme la santé qu'il a perdue".

Novatrice, l'oeuvre de Paracelse allait modifier non seulement les prescriptions des médecins, mais aussi la préparation même des remèdes. Ce nouveau paradigme a exercé jusqu'aux temps modernes une influence majeure sur la médecine, la chimie, la pharmacologie.


Ainsi passe le temps et passent les Humains, et que se renouvelle en permanence notre conception du Monde, pour aller toujours plus loin vers la Connaissance. Cela passe souvent par des ruptures, des changements de point de vue, de paradigme. Ceci est valable aussi au cœur de nos vies et pour chacun de nous et ce ne sont pas des moments très agréables ! Aussi, je choisis pour conclure mon article Z'amoureux sur le Noyer, cet encouragement :

"Nous sommes comme les noix,
nous devons être brisés pour être découverts."

Khalil Gibran


Pour avancer un peu plus loin dans ce dictionnaire Z'amoureux des plantes compagnes, je vous invite  maintenant à partir au pays de "O" comme l'Olivier. Alors ...

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



dimanche 12 octobre 2014

Régalez-vous, vous êtes cerneaux !



Manger des noix est également très bon pour votre santé. A condition de ne pas trop en abuser, comme le soulignaient déjà les doctes docteurs de l'Ecole de Salerne (école de médecine au rayonnement important entre le Xe et le XIIIe siècle) :
"Une seule suffit : deux sont trop : l’homme sage
Se garde bien d’en manger trois."

En effet, les noix sont de véritables concentrés d'énergie (650 calories pour 100 g)  riches en matières grasses (environ 57% de lipides dans les noix sèches). 

Cela tombe bien car ces matières grasses sont indispensables à la santé.  Par exemple, elles contribuent à la régulation de la température corporelle, interviennent dans la synthèse des hormones, permettent l’absorption des vitamines A, D, E et K, procurent un sentiment de satiété, etc. De plus, les lipides de la noix contiennent peu d'acides gras saturés, mais une bonne proportion d'acides gras polyinsaturés, notamment de l'acide linoléique (AL) et de l'acide alpha-linolénique (AAL) que l'organisme humain est incapable de synthétiser (on les appelle des acides gras essentiels). L'huile de noix que l'on obtient par pression à froid, riche en Oméga 3 (AAL), parfumera délicatement vos salades et crudités. En raison de la présence d'acides gras polyinsaturés il faudra ne pas l'utiliser pour la cuisson des aliments, la stocker au frais et à l'abri de la lumière et ne pas la conserver trop longtemps.

Les noix contiennent également une quantité intéressante de minéraux tout aussi indispensables au bon fonctionnement de notre organisme (environ 1,98 grammes pour 100 grammes de noix) : potassium, phosphore, magnésium, calcium, manganèse, zinc, etc...Ça se bouscule au portillon !




Mais, Charles Trenet dans sa célèbre chanson  "Qu'il y a-t'il à l'intérieur d'une noix ?"  termine par :
Une noix ? Qu'est-ce qu'on y voit quand elle est ouverte
On n'a pas le temps d'y voir.  On la croque et puis bonsoir ....
Aussi, passons vite à la dégustation !

J'ai sélectionné quelques recettes simples, à lire, tester et approuver, voire plus si affinité. J'ai volontairement évité le(s) gâteau(x) aux noix, trop banal à mon goût. Enfin mon goût pour le choix des recettes et pas mon goût pour manger parce que j'adore ça le gâteau aux noix ! Je ne voudrai surtout pas vexer quelqu'un qui aurait envie de me préparer un gâteau aux noix et sans gluten !

Dans un livret de recettes à la gloire des noix du Périgord, j'ai sélectionné "Le Pistou noix, orties et magret fumé", en l'honneur de la belle "Urtica" à laquelle j'ai dédié un article. Pour 4 personnes vous aurez besoin d'1/2 baguette de pain, 90 grammes de tranches fines de magret de canard fumé, 1 bouquet d'orties (de jeunes orties et ramassées dans un endroit non pollué), 1 gousse d'ail, 100 grammes de cerneaux de noix et 5 cl d'huile de noix. Vous ferez toaster des tranches de baguette. Vous préparerez le pistou en écrasant au pilon des feuilles d'orties préalablement lavées, l'ail, les cerneaux de noix et l'huile de noix. Vous tartinerez généreusement chaque tranche avec ce pistou et vous poserez sur chacune d'elle une tranche de magret fumé. Miam ! Bon, je vous donne un joker, vous pouvez remplacer l'ortie par du persil ou de la roquette. Mais c'est moins drôle !


Et parmi les recettes qui célèbrent les noix de Grenoble, j'ai choisi "Le soufflé Saint Marcellin - noix". Toujours pour 4 personnes, il vous faut 80 grammes de farine, 4 oeufs, 2 Saint Marcellin, 200 grammes de fromage blanc en faisselle, 60 grammes de cerneaux de noix. Vous préchauffez votre four à 180° (th. 6). Vous coupez les Saint-Marcellin en morceaux et vous les faites fondre doucement dans une petite casserole (à feu doux). Vous séparez les blancs des jaunes d'oeuf. Vous mélangez les jaunes avec le Saint-Marcellin fondu, le fromage blanc et la farine. Vous ajoutez ensuite les cerneaux de noix hachés grossièrement. Vous battez les blancs d'oeufs en neige mousseuse et vous les incorporez délicatement au mélange précédent. Vous remplissez avec la préparation un moule à soufflé préalablement beurré et fariné. Mettez au four préalablement chauffé et comptez environ 25 minutes de cuisson. A déguster dès la sortie du four sinon ça retombe !


Pour les "becs sucrés", voici la recette ultra-simple de "Massepains aux noix" . Pour satisfaire quelques gourmands, vous prendrez 250 grammes de noix pilées, 250 grammes de sucre et 3 blancs d’œufs. Vous battez les blancs d’œufs en neige très ferme. Vous mélangez les noix pilées et le sucre puis vous les ajoutez délicatement dans les blancs d’œufs. Vous déposez des petits tas de pâte sur une tôle recouverte de papier sulfurisé. Faites cuire au four chauffée à 180° pendant environ 20 minutes et retirez dès que les massepains ont pris de la couleur. 


Et enfin pour retrouver le plaisir des apéritifs de nos arrières grands-mères, voici un petit "Vin de noix". Celui se fait avec les noix encore vertes, ramassées entre la St Jean Baptiste et la Sainte Madeleine, suivant les régions.  Vous laisserez macérer 40 noix vertes coupées en deux dans 1 litre d'eau de vie pendant 40 jours dans un récipient en verre fermé, à l'abri de la lumière. Vous filtrerez en dehors de la nouvelle lune. Puis vous ajouterez 5 litres de vin rouge et 1 kilo de sucre. Laissez reposer 40 jours à nouveau. Surtout laissez bien reposer avant de déguster car ce vin a la caractéristique de se bonifier avec le temps. Bien sûr à déguster avec modération !







Au fait, avez-vous deviné la meilleure façon de casser une noix ? Vous trouverez dans le commerce des outils des plus variés : casse-noix à vis, ouvre-noix, pinces, truc bidule à caoutchouc...

Mais pour les puristes, ceux qui veulent à la fois respecter les traditions et conserver des cerneaux entiers, c'est avec un petit maillet qu'opérera l'artiste et alors "la" grande astuce à connaître est de taper d'un coup sec au bon endroit, c'est-à-dire  sur le côté bombé de la noix et non pas sur les jointures.




Si avez du talent ou du courage ou bien tout simplement si vous aimez passer un moment convivial, inscrivez-vous au "Championnat du monde des casseurs de noix", organisé par la Confrérie de la Noix de Grenoble. A Vinay (38), en novembre 2014, le vainqueur du concours a cassé et mondé ses 50 noix en 16 minutes 20 secondes, avec 3 minutes et 20 secondes de pénalité pour les cerneaux abimés. Qui dit mieux ?

Notre batifolage sur la route de la Noix touche à sa fin, mais le Noyer a encore des choses à nous apprendre. Alors....

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

mercredi 8 octobre 2014

Des remèdes tout de brou



Et si le Noyer était béni des dieux ? Cela expliquerait ses nombreuses qualités, qualités mesurées bien sûr à l'aune de son utilité avec le point de vue très ethnocentrique que les Humains pose sur Dame Nature. Bien sûr, ses fruits ont régalés nos ancêtres bien avant que nos mémoires cellulaires aient enregistré le moindre petit frémissement digne de figurer dans nos arbres généalogiques. Mais cet arbre alimentaire a vu aussi, au fil des temps, chacune de ses parties utilisée à des fins médicales.

Au gré des recherches et compilations, on trouve ainsi que :


"Les feuilles de Noyer broyées dans du vinaigre calmeront le mal d'oreille". 
"On peut encore employer ces mêmes feuilles pour la brûlure, pourvu qu'on est soin de les graisser avec parties égales d'huile de noix et de cire jaune". 
"On dit que leur décoction dans de l'eau simple, a la propriété de déterger les ulcères, surtout si on y ajoute un peu de sucre".
"Son écorce verte ou sèche est un bon émétique". 
"Le suc exprimé des racines fraîches et pilées purgent très violemment", avec la précision "c'est pourquoi on ne peut en prescrire l'usage qu'aux habitants de la campagne" !
"Ses noix vertes sont cordiales, alexipharmaques et bienfaisantes dans toutes les maladies contagieuses et malignes". 
"Les coques brûlées et broyées dans du vin et dans l'huile embelliront les cheveux des enfants et soigneront l'alopécie". 
 "Tout le monde sait qu'on fait un ratafia de noix qui, surtout, quand il a été gardé longtemps, est regardé presque généralement pour un bon stomachique".

Je pourrai poursuivre avec les usages du Noyer pour combattre l'hydropisie, l'épilepsie, la goutte, la migraine, les maladies des yeux, pour faire mourir les vers, pour cicatriser les plaies, et pour combattre des maux bien plus féroces dont les seuls noms feraient trembler de peur ce blog au caractère bonhomme !


Finalement que faut-il retenir de toutes les vertus attribuées au Noyer dans le domaine de la santé ? Notre époque pléthorique en remèdes et soins de toutes sortes ne s'intéresse que piètrement aux vertus du Noyer.

Les études pharmacologiques qui ont été menées ont démontré que les feuilles de Noyer avaient un effet antidiarrhéique, grâce aux propriétés astringentes des tanins présents en grande quantité, ainsi qu'une action antimicrobien,  grâce aux propriétés antibactérienne et antifongiques de la juglone.

Les feuilles de Noyer, prises en tisanes, peuvent être utilisées contre les diarrhées et les inflammations gastro-intestinales. Si les vertus du Noyer pour le système digestif vous intéressent, vous pouvez vous tourner vers la gemmothérapie, qui utilise des macérats glycérinés des bourgeons de Noyer, notamment en cas de météorisme abdominal, de pancréatite (en l'associant avec le macérat glycériné de Bouleau), de diarrhées post-antibiotiques (en l'associant avec le macérat glycériné d'Airelle).

En application locale, la feuille de Noyer pourra s'avérer efficace pour calmer des démangeaisons du cuir chevelu et les pellicules, ou comme cicatrisant et antipurigineux dans les affections dermatologiques (crevasses, gerçures, dartres, eczéma, prurit et inflammations cutanées). Pour cela vous préparerez une décoction forte avec 4 cuillerées à soupe de feuilles de Noyer pour 1/2 litre d'eau que vous utiliserez en lotion une fois refroidie. A essayer également en bain des mains ou des pieds en cas de transpiration excessive.

En phytothérapie traditionnelle, les feuilles de Noyer sont réputées avoir des propriétés stimulant pancréatique et entrent dans la composition de tisanes à prendre en cas de diabète (celui dit "gras"), en complément des régimes alimentaires et des traitements médicamenteux adaptés. Elles pourront contribuer à améliorer la glycémie et à réduire la soif et les mictions trop fréquentes des diabétiques. Rapprochez-vous de votre herboriste préféré pour prendre conseil.





Pour tous, et afin de finir en beauté, d'après Marie-Antoinette Mulot, herboriste émérite (1919-1999), rien ne vaut un bain aux feuilles de Noyer pour rendre la peau douce, élastique, tout en calmant d'éventuelles rougeurs ou démangeaisons. Pour cela, vous ferez bouillir 4 poignées de feuilles de Noyer pendant 2 à 3 minutes dans 2 litres d'eau. Après avoir filtré, vous ajouterez cette décoction à l'eau de votre bain. Bon bain !




Allons, c'est promis, je ne terminerai pas mon article Z'amoureux sur le Noyer sans vous donner des recettes à se pourlécher les babines. Alors, .....

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 5 octobre 2014

Je suis descendu au jardin des Noyers



Tout d'abord, tordons le cou aux croyances peureuses et rétrécies qui font du Noyer un arbre à l'ombre maléfique ! Qui n'a pas entendu la sentence, rapportée d'un soit-disant ancêtre au bon sens paysan, d'un conseil d'apothicaire antique, voire d'une pseudo-sagesse médio-orientale ? Je veux parler du fameux conseil : "Ne jamais s'endormir sous un Noyer !". Vous risqueriez, au choix, de ne jamais vous réveiller, d'être enlevés par des sorcières jalouses de leur territoire, ou pire encore .... de vous enrhumer !!! Il est vrai que l'ombre du Noyer est très fraîche, voire froide en été en raison de ses feuilles épaisses et si vous êtes trempés de sueur, allez plutôt trouver un petit Frêne, Érable ou Aubépine qui vous offriront une ombre légère et aérée. 

Le Cantique des cantiques, en donne une vision plus affectueuse.
"Au jardin des noyers je suis descendu
pour voir les jeunes pousses du torrent,
pour voir si la vigne bourgeonne,
si les grenadiers fleurissent.
Je ne connaissais pas mon désir profond,...."extrait du 9ème chant

Et donc, au jardin des Noyers, que vais-je trouver ?


Et bien, tout d'abord un bois de grande renommée. Le Noyer donne un bois dur, au grain fin, brun roux, fortement veiné, avec des teintes différentes. On utilise surtout le bois de coeur résistant et qui prend bien le poli. Il offre une variété d'aspects : veiné, ronceux, moucheté, flambé, moiré, chenillé, etc. Sont recherchées également les "loupes" qui se forment parfois sur les grosses branches ou sur le tronc ou bien les "ronces" qui peuvent se former à la souche, car elles présentent de magnifiques dessins. Le bois du Noyer, a été utilisé, au-delà de l'ébénisterie, pour des plafonds et des planchers, des placages muraux, divers ustensiles ménagers, des semelles de sabots, des jeux de quilles, des tableaux de bord de voitures de prestige, et même des crosses de fusils. 

Le bois de noyer a tendance à se colorer sous l'action de l'humidité et de la chaleur. Le Noyer est d'ailleurs une merveilleuse source de colorants.


Ainsi, le brou, la pulpe qui entoure la noix, est utilisé depuis fort, fort, fort, fort longtemps pour colorer les bois clairs. Déjà toute petite, je me noircissais les doigts et parfois le bout du nez, en écrabouillant consciencieusement des morceaux de brou des noix tombées à terre pour redonner un second éclat à ma table de dînette rendue toute clairette par un séjour prolongé au soleil tout au long de cette période bénie des vacances d'été qui me voyait quitter enfin la ville grise et poussiéreuse pour de verdoyantes campagnes !


Pour teinter les étoffes, le Noyer est également très intéressant. Les Perses mais aussi les Gaulois en faisaient grand usage. Toutes les parties du Noyer peuvent être utilisées. Ainsi, comme l'indique l'ouvrage "Plantes à teinter", les feuilles cueillies en août, hachées et cuites dans l'eau donnent un ton "musc-doré", les racines séchées, broyées et bouillies donnent une couleur qui va du "fauve" à "castor". Mais c'est surtout le brou qui est recherché pour les teintes gris-marron qu'on en tire. Colbert classa en 1671 le "Brou de noix", qui est le liquide brun obtenu par décoction de cette pulpe, comme ingrédient de" bon et grand teint".

Voici une recette pour teinter de la laine en marron lumineux, tiré de l'ouvrage cité ci-dessus. Pour 300 grammes de laine, vous utiliserez 300 grammes de feuilles de Noyer fraîches (cueillies en fin d'été de préférence). Vous mettrez les feuilles dans une bassine émaillée ou en inox, vous les couvrirez avec 3 litres d'eau et vous laisserez macérer pendant 5 jours. Après avoir versé le jus filtré dans la cuve de teinture, vous l'allongerez avec 2 litres d'eau. Montez la température et plongez y les écheveaux de laine quand le liquide est tiède. Continuez à chauffer jusqu'à ébullition et maintenir l'ébullition pendant 1h30. Ensuite, sortez la laine avec une écumoire et faites-la égoutter. Rincez la laine à grand eau puis laissez la sécher.

Le principe colorant que l'on trouve dans toutes les parties de l'arbre, et concentré dans le brou, est fait de flavonoïdes, comme la quercitine, de tanins dérivés de l'acide gallique et de la juglone. C'est la juglone (5 hydroxy-1, 4 napthoquinone pour les chimistes) qui inhibe la germination et la croissance des plantes autour d'un Noyer. Il semble que toutes les plantes ne soient pas sensibles à cette substance toxique. Mais évitez quand même de placer votre potager juste au pied d'un Noyer !

Au jardin des Noyers, que vais-je encore trouver ?

Mais des soins par milliers, pour garder la santé ....Alors, suivez-moi un peu plus avant sur la route de la Noix.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.

mercredi 1 octobre 2014

A la découverte du Noyer



Dans ce qu'il est de bon ton d'appeler l'Ile-de-France, il reste des coins de campagne où le Noyer s'ensauvageonne doucement. Planté anciennement d'une main humaine ou subspontané par la grâce des animaux, il étale ses ramures fortes au bout d'un tronc assez court, en une cime haute, large et arrondie. C'est toujours avec bonheur que les promeneurs découvrent les noix qu'il laisse tomber négligemment sur le chemin, redécouvrant ainsi le plaisir du don gratuit. Car ces noyers abandonnés depuis longtemps appartiennent à tous et aucun propriétaire ne réclame son dû ....jusqu'à ce que le terrain ayant pris de la valeur, des lots de maisonnettes viennent y planter leurs fondations.


Le Noyer est arbre de Jupiter, son nom de genre Juglans venant du latin Jovis glans (= gland de Jupiter). Il existe une quinzaine d'espèces de Noyer qui poussent dans les zones tempérées et chaudes de l'hémisphère nord, en particulier en Eurasie. Le Noyer commun de nos régions est le Juglans regia, le Noyer royal. Et oui, dans la famille Noyer (les Juglandacées) le commun n'est jamais vulgaire !

A quoi reconnait-on notre Noyer commun ? A ces fruits bien sûr, avec son noyau ligneux (la noix), entouré d'une enveloppe charnue verte et odorante (le brou). Ses feuilles sont composées pennées avec 5 à 9 folioles. Elles sont lisses et fermes, d'un vert plutôt clair,  avec une odeur agréable. Son écorce est d'un gris mat, lisse les premières années puis cannelée. Quant aux fleurs, il y a sur le même arbre, entre avril et mai, des fleurs mâles, en forme de chatons, et des fleurs femelles peu visibles, situées à l’extrémité des rameaux.

En dehors de quelques intentions paysagères avec des variétés ornementales, les Noyers sont cultivés pour leur bois et bien sûr pour leurs fruits. Nous avons en France deux régions réputées pour la cultures des "Noyers-fruits" : le Dauphiné et le Sud-Ouest. Dans la catégorie noix de Grenoble, vous rencontrerez la "Parisienne" vigoureuse à fruits petits et arrondis, coque mi-dure, la "Franquette" rustique à fruits allongés et à coque rugueuse, la "Mayette" à fruits gros, pointus et aplatis à une extrémité (elle tient debout) et à coque mince et claire. Dans la catégorie noix du Périgord, vous trouverez la "Corne" tardive, la "Grandjean", la "Marbot". Mais il existe de nombreuses autres variétés locales qui n'attendent que votre curiosité.



Dans l'ancien temps, c'est avec une grande perche, la gaule, que l'on incitait les noix les plus paresseuses à quitter leur branches (certains racontent que la gaule a été inventée par nos ancêtres les Gaules-Noix !). Il fallait au nuciculteur du muscle et de l'adresse pour gauler les noix. De nos jours, ce sont des tracteurs munis de "vibreurs à noix", qui vrombissent dans les "noyeraies". C'est très efficace (3 minutes par arbre suffisent) mais nettement moins sportif ! L’énoisage consiste à casser la coquille puis à en séparer les cerneaux. On appelle cela également "monder" les noix. C'est une opération délicate si on veut garder les cerneaux entiers.  Je vous adresse là une petite devinette : quelle est la meilleure méthode pour casser une noix ? Réponse dans la suite de mon article Z'amoureux sur le Noyer !

Auparavant, j'aimerai explorer avec vous divers usages du Noyer. Car comme le souligne Pierre Lieutaghi dans le "livre des arbres, arbustes et arbrisseaux" : "Donner des fruits précieux, des feuilles médicinales ..., un bois exceptionnel et disposer d'une étendue deux ou trois fois millénaire pour envahir les arts médicinaux, culinaires ou industriels, cela suffit à expliquer l'abondance des usages traditionnels du Noyer ..."

Donc, parcourons ensemble la route de la Noix ....

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 29 juin 2014

Pour descendre du carrousel du mental ....



Le Dr Edward Bach (1886-1936) était convaincu que l'art de guérir évoluerait du domaine strictement physique vers la thérapie spirituelle et mentale. Pour lui le médecin du futur aurait deux grands objectifs. Le premier étant d'aider le patient à se connaître lui-même, en lui signalant ses attitudes négatives fondamentales. Le deuxième consistant à procurer au malade les remèdes qui fortifient son corps et qui apaisent son esprit afin que la paix et l'harmonie puissent ainsi entrer dans son être.
Pour le Dr Bach il ne faisait aucun doute que ces remèdes existent dans la nature. C'est avec une constance et un dévouement sans faille qu'il rechercha ces remèdes. Il aboutit à la découverte des plantes qui correspondent à des typologies humaines et il mit au point la préparation qui leur permet de jouer leur rôle de "guérisseur". Cette préparation simple, il s'agit de macération solaire ou de décoction, produit un Élixir floral. Chaque Élixir floral correspond à un état d'âme qui peut se présenter sous forme harmonieuse (positive) ou sous forme de distorsion (négative).

Le Marronnier se trouve à l'origine de trois de ces Élixirs floraux. Le premier est "White Chestnut", préparé par macération solaire des fleurs de Marronnier blanc. C'est un Élixir floral qui peut être très utile dans nos temps actuels car il permet de descendre du carrousel du mental !


  • White Chestnut (Marronnier à fleurs blanches) est l’Élixir des pensées. 
Il est lié aux états d'âme potentiel de calme et de discernement. Il est utile lorsque les pensées tournent inlassablement dans la tête, sans que l'on puisse s'en débarrasser, comme un carrousel qui s'est emballé.
Cet état peut arriver à chacun, un événement ou une préoccupation accapare le mental et le "ronge". Dans ces moments, on a l'impression que le mental fait du sur-place, répétant inlassablement le même passage. On ressasse toujours les mêmes problèmes sans parvenir à les résoudre. White Chestnut va permettre de descendre du carrousel et de retrouver le calme intérieur ! Il sera alors possible de diriger ses pensées et d'utiliser de façon constructrice la force de son mental. Du calme intérieur pourront émerger les réponses et les solutions aux problèmes.

Deux autres Élixirs sont préparés avec le Marronnier : Red Chestnut est préparé par décoction des inflorescences du Marronnier à fleurs rouges (Aesculus carnea), Chestnut Bud est préparé par décoction des bourgeons du Marronnier blanc.


  • Red Chestnut (Marronnier à fleurs rouges) est l’Élixir de l'autonomie. 
Il est lié aux états d'âme potentiels de la sollicitude et de l'amour du prochain. Il est utile en cas de liens affectifs trop forts avec d'autres personnes, en cas de relations symbiotiques. C'est le cas des "mères ou papas poules" !
Dans ce cas, on se préoccupe excessivement d'une autre personne, craignant constamment qu'il lui arrive malheur. On se fait trop de soucis pour la sécurité des autres (et pas pour soi). On se fait même du souci à la place des autres, s'investissant trop dans l'univers émotionnel de l'autre. Red Chestnut va permettre de trouver la juste proportion entre la sollicitude pour quelqu'un et le respect de son indépendance. Il sera alors possible d'être attentif aux préoccupations des autres sans les vivre à leur place, sans s'ingérer. De cette position juste, émergera la capacité à envoyer des pensées positives aux personnes dans une situation difficile.


  • Chestnut Bud (Bourgeon de Marronnier blanc) est l’Élixir de l'apprentissage
Il représente le principe de l'apprentissage. Il est utile lorsqu'on éprouve des difficultés à coordonner son monde intérieur aux réalités concrètes ou bien lorsque l'on n' arrive pas à intégrer le vécu de façon à ce que l'on puisse en profiter ultérieurement
Dans ce cas, on fait preuve d'étourderie, de distraction. Etant déjà, en pensée, deux pas plus loin, on est souvent inattentif ou impatient vis-à-vis de la situation présente. On a tendance à recommencer les mêmes erreurs, à rencontrer le même genre de difficultés, par manque du sens d'observation. Chestnut Bud va permettre de mieux coordonner son activité mentale et les données de la réalité matérielle. On apprendra lentement, mais sûrement à examiner tranquillement les choses. Ses propres expériences et celles d'autrui seront un enseignement pour son avenir.


C'est en se tournant vers l'avenir que je vais terminer mon article Z'Amoureux sur le Marronnier. Et parce qu'il est dans la nature de cet arbre de nous emmener de la rumination chagrine, de l'inquiétude paralysante et de la fuite devant la réalité vers une vision apaisée, confiante et créatrice du monde, je lui dédie cette citation de Pierre Rabhi :

"En même temps que le réenchantement du monde, 
nous devons trouver une façon juste d'habiter la planète
et d'y inscrire notre destin d'une façon satisfaisante
pour le cœur, l'esprit et l'intelligence."


Continuant la ronde de l'alphabet, j'aimerai vous faire rencontrer un autre arbre, avec "N" comme ........ le Noyer.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 25 juin 2014

La chance de nos veines



Avec le Marronnier, on a de la chance d'avoir de la veine ! Je parle ici de notre système veineux.

En effet, les extraits de Marronnier ont des propriétés de toniques veineux. Ils augmentent la résistance capillaire. Ils ont aussi des propriétés anti-oedemateuses et anti-inflammatoires.

Pour les "chimistes en herbe", ces propriétés sont à mettre en lien avec la présence, entres autres, de saponosides (sous forme d'un mélange complexe dénommé beta-aescine), d'hétérosides coumariniques (dont de l'esculoside),  de flavonoïdes, des tanins (dont l'aesculitanin, du groupe des proanthocyanidols).

Du coup, les extraits de Marronnier seront utilisés en cas d'insuffisance veineuse, varices, ulcères variqueux, hémorroïdes, etc.


Ce n'est pas sous forme de tisane (dont le goût serait à réserver aux plus courageux) mais sous forme d'extrait du commerce que vous aurez recours au Marronnier, dont le fameux "Intrait de marron d'Inde". En effet, une absorption trop importante de saponosides pouvant provoquer des troubles digestifs, l'Intrait de marron d'Inde est un extrait (alcoolature) titré en principes actifs.



Dans les cas d'hémorroïdes, vous pouvez compléter avec un soin externe en utilisant une décoction de marrons d'Inde en compresses. Vous préparerez cette décoction avec 30 à 50 grammes de Marrons concassés dans 1 litre d'eau. Vous ferez bouillir 5 minutes puis laisserez infuser 10 minutes hors du feu et à couvert.


A noter, qu'il existe également en pharmacie des formes homeopathiques d'Aesculus

En cure régulière (au début de l'été par exemple), le Marronnier se combine très bien avec d'autres plantes de la circulation veineuse comme le Noisetier, la Vigne rouge, le Fragon petit-houx, etc. Vous trouverez dans le commerce des ampoules d'un mélange tout prêt pour des cures d'une vingtaine de jours.





Bien sûr, c'est toute une hygiène de vie qui vous permettra de prendre soin de votre circulation. Pour cultiver la "Veine Attitude", j'ai sélectionné quelques conseils pour ceux dont la profession les oblige à rester longtemps en position assise :
  • en position assise, veillez à avoir les jambes décroisées, les pieds bien posés au sol
  • au bout de 45 minutes de position assise, levez-vous pour quelques pas. Au bureau et même en réunion, vous trouverez des occasions : un dossier à ranger, une photocopie à aller chercher, un verre d'eau à remplir, etc.
  • mettez-vous en mouvement le plus souvent possible : c'est la revanche de l'escalier sur l'ascenseur, de la visite au collègue sur l'envoi d'un mél, de la cafétéria sur la cafetière perso, what else ? et en plus cela développe la convivialité !
Et pourquoi ne pas passer vos appels téléphoniques ou lire des documents de travail (papier ou sur votre tablette) en marchant lentement et régulièrement ? Certains entrepreneurs novateurs ont même installé des tapis de marche adaptés au bureau. 

le WalkingWorking
Comme le dit un expérimentateur : "Une conséquence inattendue de la marche en travaillant est que cela me donne l’impression d’avancer. Même si je ne fais que du sur place, mon corps me dit que je «vais de l’avant» tandis que je m’attaque à mes tâches professionnelles, et m’envahit le sentiment que j’ai «fait du chemin». C'est ce que les experts en sciences cognitives décrivent comme la "cognition incarnée" (nos activités et concepts intellectuels sont intrinsèquement liés aux sens que nous utilisons pour percevoir notre environnement physique).






Et pour continuer à cultiver la "Veine Attitude" à son domicile, j'ai sélectionné une video de "l'atelier du bien-être" qui présente Trois exercices pour jambes légères faciles à pratiquer : un peu de tapotement, de drainage et de relaxation et la soirée sera légère, légère, légère, ..........






Je vous ai déjà parlé du Dr Bach, le père des Élixirs floraux. Et bien, le Marronnier est particulièrement intéressant dans ce domaine puisqu'il est à l'origine de trois d'entre eux. C'est en compagnie de ces Élixirs que j'aimerai terminer mon article sur le Marronnier.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


dimanche 22 juin 2014

Marrons et ronds, petits patapons



Les Anglais, qui savent rester de grands enfants, organisent tous les ans le Championnat du monde de "Conkers". Conkers veut dire marron en anglais. C’est un jeu qui se joue donc avec des marrons : cela parait logique ! Il y a un teneur et un frappeur. Le teneur tient une ficelle au bout de laquelle est pendu un marron percé soigneusement. Le frappeur doit grâce à un marron identique à celui de l’adversaire frapper le marron de son camarade. Au bout de 3 frappes, le teneur devient à son tour le frappeur et ainsi de suite. Le but du jeu est de casser et détruire le marron de l’adversaire en moins de 5 minutes. Si au-delà de ces 5 minutes aucun marron n’est détruit, on joue les pénalités: le premier qui rate le marron de l’adversaire perd.



Le Périgord Vert, sous l'impulsion de résidents d'origine anglaise, organise chaque automne, le Championnat de France de Conkers dans la charmante bourgade de Abjat-sur-Bandiat (siège sociale de la Fédération française de Conkers !). 



Ce marron rond peut être à l'origine de bien d'autres jeux d'adresse. Le lancer de marron peut être la base de jeu dit "de massacre", où des pots de yaourt serviront de cibles, de lancer de "comètes" le plus loin possible (pour faire la comète, attacher un ruban au marron). Avec l'ajout de ruban-scratch sur le marron et l'utilisation d'une cible en feutre, vous ferez concurrence au jeu de "Dart" célèbre en Irlande.

Pourquoi ne pas faire renaître le fameux "tac-tac" qui a su amuser les enfants des années 80 ? Il vous suffira de deux marrons de taille et de poids identiques, d'une belle ficelle de coton tressé et d'un petit anneau de rideau. On y va ...on tient l'anneau avec les 2 marrons immobiles au bout de la ficelle et hop, on donne une petite impulsion du poignet...hop encore...et on continue jusqu'à ce que les marrons arrivent à faire deux demi-cercles autour de l'anneau et à se cogner une fois en bas, "tac", et une fois en haut , "tac" !

Une valeur sûre des loisirs marrionnesques restent les "bonhommes", bonhommes qui peuvent s'étendre aux Z'animaux. Il s'agit là d'un domaine qui n'aura de limite que celle de votre imagination . Fournissez-vous en matière première (les marrons) sous votre Marronnier préféré puis mettez sur la table le contenu de vos tiroirs à bricoles. Clous ou tournevis ou vrilles à bois seront utiles pour amorcer des trous dans le marrons où pourront se loger des allumettes, des bouts de carton, qui simuleront bras, jambes, pattes, oreilles, nez. Des feutres pour dessiner les yeux, la bouche. De la colle à bois pour ajouter laine, tissus ou papiers de couleurs en guise de pelage, plumage ou habits. quelques accessoires en pâte à sel, des végétaux secs pour le décor,... A chacun de construire son univers....

un univers trouvé sur le blog "la maison feerique"
Mais, me direz-vous, et le bois ? Quoi le bois ? Ben, le bois ! Et il ne s'agit pas de la version conjuguée d'un verbe synonyme de se désaltérer. Je vous réponds : le bois ....rien ! En effet, le bois du Marronnier ne trouve pas vraiment grâce aux yeux des ébénistes, charpentiers, et autres métiers du bois. En plus, il chauffe peu en brûlant. Une chance pour lui car cela lui permet de pousser bien pépère dans son coin.

"De l'utilité de l'inutile"

comme il est exposé dans le livre de Tchouang Tseu !

L'inutilité du Marronnier est toute relative. Car, au-delà de l'amusement, il sait apporter aux humains le soulagement de certains maux. C'est ce que j'aimerai vous exposer dans la suite ce mon article.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.




mercredi 18 juin 2014

A la découverte du Marronnier




Il fut un temps, un temps de l'enfance, un temps d'antan, un temps tant et tant passé, où le Sire Marronnier régnait en maître sur la cour de mon école, en compagnie du Sieur Platane. De nos jours, si ce n'est pas dans la cour de l'école, c'est dans un parc voisin que le petit citadin fait ses premiers jeux avec les marrons brun-acajou, si lisses et brillants. Quant aux feuilles du Marronnier, qui évoquent une main avec ses 5 folioles (il peut y en avoir 7), elles conservent longtemps leur beauté d'automne collées dans des tableaux naïfs où se mêlent gommettes et peinture aux doigts.

Car le Marronnier, irrésistiblement, entraîne petits et grands au ludique, à la joie simple, à la légèreté de l'instant présent. 

Originaire des Balkans, et non pas de l'Inde comme son nom commun le laisserait supposer, cet arbre fut introduit officiellement en France en 1615 par le botaniste Bachelier. Il fut très vite apprécié pour ses qualités décoratives et se retrouva implanté largement dans les parcs puis les avenues, puis les écoles !

C'est qu'il a de l'allure ce Marronnier (Aesculus hippocastanum L. famille des Hippocastanacées ou actuellement Sapindacées) avec un port équilibré et majestueux (il peut atteindre 30 mètres) et son feuillage qui sait si bien jouer avec la lumière du soleil. 



Le printemps lui donne l'occasion de se parer de superbes inflorescences en forme de pyramide. Les pétales chiffonnés de ses fleurs blanches sont ponctués d’une tâche variant du jaune au rouge qui sert de signal aux insectes pollinisateurs : si c'est jaune, il y a du nectar et si c'est rouge, la fleur est déjà fécondée.

Vu comme ça, il n'a pas l'air commode !


Si les conditions lui sont favorables, le Marronnier peut vivre jusqu'à 200 voire 300 ans. De quoi produire à chaque automne, des multitudes de fruits, contenant chacun une seule graine (le fameux marron), dans une capsule aux épines molles.




Ce marron-ci n'est pas à confondre avec la châtaigne, fruit du Châtaignier (Castanea sativa, famille des Fagacées), même si certaines variétés de châtaignes sont nommées communément des marrons (miam les marrons glacés !). Le marron d'Inde, lui, est impropre à la consommation humaine (sauf après une préparation particulière ayant pour but d'éliminer les substances présentant une certaine toxicité et même là, c'est plutôt un recours en cas de disette qu'un plat de choix). D'ailleurs, le goûter, c'est ... le recracher ! C'est dur aux dents, amer au goût et râpeux sur la langue. Sa force est ailleurs. En effet, le marron d'Inde se révèle un bienfait pour notre circulation veineuse. C'est ce que je vous détaillerai dans la suite de mon article.



Les Suisses qui ne badinent pas avec la mesure du temps ont choisi de faire démarrer le printemps non pas avec la première hirondelle, mais avec l'éclosion du premier bourgeon d'un "Marronnier officiel". Cet arbre installé à Genève est surveillé par un(e) Sautier qui a la lourde responsabilité d'annoncer l'arrivée du printemps. Cette pratique date de 1818 et se poursuit toujours. En 2014 le printemps fut annoncé le 5 mars. Comme quoi, on peut être Suisse et savoir s'amuser. Quelqu'un en doutait ?

Les Anglais, eux, ont choisi leur camp et ils ont fait des adeptes dans le Sud-Ouest de la France ! Aussi j'aimerai maintenant vous emmener rencontrer les "conkers" !

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.


mercredi 11 juin 2014

Sous le regard bienveillant de la Bonne-Mère



Si mon article Z'amoureux sur la Lavande vous a donné envie d'en savoir plus, n'hésitez pas à prendre cet été les "Routes de la Lavande" qui sillonnent la Provence. Vous avez le choix entre 6 circuits qui vont de la Drôme aux Alpes-Maritimes, en passant par les Hautes-Alpes, le Vaucluse et les Alpes de Haute-Provence. Au gré de ces circuits vous aurez la chance de rencontrer les "gens de la Lavande" : producteurs de lavande, cueilleurs, distillateurs, restaurateurs, guides, ou tout simplement passionnés....

En 2013, Marseille se proclama Capitale Européenne de la Culture. Et ma foi, je ne contredirai pas l'élan d'enthousiasme de cette ville très attachante. A cette occasion, la Lavande s'invita le long du vieux port : 5000 m² de lavande, soit 4000 pieds ont pris possession, tout au long du mois de juillet, de l’Espace Bargemon et ont réjoui touristes et passants avec de nombreuses animations. Un des objectifs de cette opération était de sensibiliser l'opinion aux charmes et aux atouts de la Lavande de Provence mais aussi d'encourager la recherche pour sa préservation. Car tout n'est pas rose au pays de la petite fleur bleue, avec le constat d'un dépérissement progressif de cette plante sous l'effet, pensent les experts, de la prolifération d'insectes résistants et du réchauffement climatique.

En plaçant leur champ de Lavande sous le regard bienveillant de de Notre-Dame de la Garde, les organisateurs ne savaient peut-être pas qu'ils entraient en résonance avec l'archétype même de la Lavande puisque c'est celui de la « Bonne-Mère ». 

En effet, comme le décrit Philippe Mailhebiau dans son livre sur la caractérologie des huiles essentielles :  « [...] Lavandula lave, avec constance et patience, le cœur et le corps des êtres qu'elle côtoie. Infatigable, d'une perpétuelle égalité d'humeur, d'une douceur et d'un dévouement à toute épreuve, Lavandula soigne et apaise, écoute et remédie à mille maux. Elle s'occupe des enfants, des adultes et des vieillards, des animaux, des plantes, de la terre et du ciel. Elle prend soin de chacun avec un égal amour […]. »




Aussi pour conclure mon article, je confierai à cette Lavande le message de Mère Thérèsa :


« L'Amour n'a d'autre message à transmettre que lui-même » 


Ayant débuté à Menthe, me voilà arrivée à Lavande. Mais "Entre menthe et lavande » va poursuivre ses ballades Z'amoureuses, toujours en tournicotant autour de l'alphabet.

Alors, j'aimerai maintenant vous entretenir d'un arbre qui embellit nos parcs urbains avec « M » comme le Marronnier.

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.



mercredi 4 juin 2014

Un trésor de santé et de sérénité



Avec les propriétés de la Lavande, la difficulté va être de ne pas déborder de trop, au risque de passer d'un article Z'amoureux à une encyclopédie. En effet, les propriétés médicinales de la Lavande sont extrêmement variées et largement relevées depuis l'Antiquité et tout au long des temps et des temps.

A titre d'exemple, au moyen-âge, Hildegarde de Bingen, dont je vous ai parlé à l'occasion de mon article sur le Fenouil, la préconisait pour cicatriser les plaies et soulager les brûlures. Plus récemment, le célèbre médecin français phytothérapeute François-Joseph Cazin (1788-1864), dans son "Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes", indique la Lavande dans les cas de nervosité, les encombrements bronchiques et les rhumatismes.

Toute personne qui s'intéresse à l'aromathérapie, connaît l'histoire de l'ingénieur chimiste René-Maurice Gattefossé (1881-1950), qui soigna au début du XXe siècle une grave brûlure avec de l'huile essentielle de Lavande, démontrant par l'exemple ses vertus thérapeutiques.

De nos jours, les études pharmacologiques ont surtout porté sur l'huile essentielle (HE) de Lavande. Elles ont permis de confirmer que l'HE de Lavandula angustifolia a un effet sédatif et inducteur du sommeil, un effet anti-spasmodique, anti-inflammatoire et anti-douleur, un effet anti-microbien, anti-parasitaire et insecticides. Et oui, tout cela ! Ces propriétés sont la conséquence de sa composition, riche en monoterpénols (linalol 30 à 40%) et en esters (acétate de linalyle 40 à 50 %) ainsi qu'à la présence de sesquiterpènes et de coumarines (traces).

Cette Lavandula angustifolia (la Lavande vraie) ne présente pas de contre-indication particulière (en cas de doute n'hésitez pas à questionner votre praticien de santé). Mais ne la remplacez pas par une autre variété de Lavande (comme par exemple la Lavande aspic), ni surtout par du Lavandin. Leurs huiles essentielles ont une composition différente, ce qui fait qu'elles n'ont pas les mêmes propriétés et qu'elles nécessitent des précautions d'usage supplémentaires. Notamment elles contiennent du camphre en quantité suffisante pour qu'elles soient déconseillée aux enfants, femmes enceintes, et autres personnes sensibles.

Cette Lavande vraie est bien un véritable trésor. Que ce soit sous forme de fleurs séchées ou d'huile essentielle, voici quelques usages possibles dans votre quotidien.



  • Tout d'abord, c'est bien, la Lavande, ça calme ! 

Aussi, dans les états de nervosité, d'irritabilité ou de difficultés d'endormissement légères, que ce soit chez l'adulte ou chez l'enfant, ayez recours à cette fleur. Vous préparerez une infusion légère avec les fleurs de Lavande vraie. Pour l'adulte vous ferez infuser pendant 10 minutes, hors du feu et à couvert, une cuillerée à café de fleurs séchées pour une grande tasse (150 ml) d'eau bouillante, que vous pourrez prendre à raison de 2 à 3 tasses par jour entre les repas. Pour les enfants de 3 à 6 ans, vous donnerez la moitié d'une tasse additionnée d'eau.

Comme en phytothérapie, on préconise souvent des mélanges de plantes afin de créer des synergies, voici l'exemple d'une "tisane apaisante" à prendre en soirée. Vous préparerez un mélange des plantes sèches suivantes : une part de Mélisse (feuilles), une demi-part de Basilic (feuilles) et une demi-part de Lavande vraie (fleurs). Vous ferez infuser 10 minutes, hors du feu et à couvert, une bonne cuillerée à soupe du mélange pour un bol (200 ml) d'eau bouillante. A siroter blotti(e) dans le meilleur fauteuil de la maison ou sur la balancelle de la véranda suivant la saison.

La taille des appartements et/ou la raideur des articulations fait que l'on remplace de plus en plus les baignoires par des douches, aussi je ne vous vanterai pas les bienfaits d'un bain aromatisé à la Lavande ! Par contre, il est à la portée de chacun de pouvoir se faire un bain de pieds relaxant à la Lavande. Il suffira de verser dans une bassine d'eau chaude (pas trop chaude !) 2 cuillerées à soupe de gros sel puis 4 gouttes d'huile essentielle de Lavandula angustifolia. Faites trempez vos petits pieds mignons et fatigués pendant une dizaine de minutes, tout en laissant les senteurs de Lavande vous apaiser. Pourquoi ne pas vous mettre en fond sonore un bruissement de cigales "Tsssssss, Tssssssss, Tssssssss, ......".

Comme il ne faut pas hésiter à mettre toutes les chances de son côté pour arriver à séduire Morphée, vous pouvez aussi vous fabriquer facilement une "brume d'oreiller". Pour cela vous utiliserez de l'huile essentielle de Lavandula angustifolia à raison de 30 gouttes, que vous diluerez dans 25 ml d'alcool à 70°. Vous verserez ce mélange dans un petit flacon-vaporisateur. Bien secouer avant de vaporiser une ou deux fois sur le linge de lit. Inutile de forcer la dose, cela deviendrait entêtant !

Et si vous traversez une zone de turbulence avec agitation force 10 et tendance à l'anxiété, voici une huile de détente à utiliser à raison de quelques gouttes en doux massages du plexus solaire. Pour la préparer, vous mélangerez 5 ml d'HE de Lavandula angustifolia, 5 ml d'HE de mandarine zeste (Citrus reticulata), 5 ml d'HE de Petit grain bigarade (Citrus aurantium var. amara) que vous additionnerez à 100 ml d'huile végétale de noisette. En raison de la présence d'HE de mandarine dans ce mélange, ne pas vous exposer au soleil pendant plusieurs heures (risque de photosensibilisation).




  • Ensuite, c'est chouette, la Lavande, ça soulage !
Pour les bobos, vous allez pouvoir utiliser l'Huile essentielle.

Dans les cas de brûlures simples du quotidien, diluez 4 gouttes d'HE de Lavandula angustifolia dans 2 cuillerées à café d'huile végétale au Millepertuis (macération) et appliquez ce mélange de soin pour les brûlures simples toutes les 10 minutes pendant la première heure.

Pour les marcheurs du dimanche ou les pèlerins de St Jacques, la Lavande est très efficace en soin pour les ampoules. Il vous suffira de badigeonner la zone échauffée avec quelques gouttes d'HE de Lavandula angustifolia auxquelles on peut ajouter quelques gouttes d'huile végétale au Millepertuis.

Et lorsque, arrivé à l'étape, vous sentirez vos muscles se raidir et devenir douloureux, massez-les en profondeur avec une huile décontractante. Pour la préparer, vous ajouterez dans un flacon de 50 ml d'huile végétale de noyau d'abricot 10 gouttes d'HE de Lavandula angustifolia, 5 gouttes d'HE de Gaulthérie, 15 gouttes d'HE de Romarin officinal CT Camphre. Précaution d'usage : la présence de Gaulthérie et de Romarin officina CT camphre fait que ce mélange est contre-indiqué pour les enfants et les femmes enceintes, ainsi que chez les personnes allergiques à l'aspirine.


  • Enfin, c'est sympa, la Lavande, ça dorlote ! 
Votre phytothérapeute, aromathérapeute ou votre herboriste préféré sauront vous conseiller pour des utilisations plus spécifiques de la Lavande.

Je présenterai juste l'huile qui sait murmurer à l'oreille des ventres, capable de dompter les intestins les plus entortillés et les plus râleux (ceux que l'on dit "irritables"). Pour préparer ce mélange ajoutez 5 ml d'HE de Lavandula angustifolia, 5 ml d'HE de Basilic, 5 ml d'HE de Coriandre dans un flacon de 50 ml d'huile végétale (un mélange noisette et huile de macération de Millepertuis est idéal). En cas de crise, versez quelques gouttes dans la paume de votre main et massez votre ventre par gestes doux et larges en tournant autour du nombril dans le sens des aiguilles d'une montre.


Mais la Lavande, ce n'est pas qu'une petite plante bien utile. C'est une grande Dame.

C'est ce que j'aimerai vous conter dans la suite (et fin) de cet article Z'amoureux sur la Lavande. Alors ...

Merci de votre visite et à bientôt !

Philomènement vôtre.